Renault : Espionnage, « éthique »... et fric13/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2228.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans les entreprises

Renault : Espionnage, « éthique »... et fric

Un conseil d'administration extraordinaire de Renault, réuni le 11 avril, a rendu son verdict, suivant les conclusions des audits organisés à la suite de l'affaire de faux espionnage où se sont ridiculisés le PDG Carlos Ghosn, son bras droit à la tête de l'entreprise et quelques autres directeurs.

L'affaire proprement dite avait commencé début janvier. Quelques déclarations médiatiques et trois licenciements sans preuves plus tard, l'enquête de police a dégonflé la baudruche de l'espionnage industriel et conduit à la mise en examen de deux membres de la sécurité intérieure de l'entreprise, suspectés de tentative d'escroquerie.

De flop en pschitt, il ne reste sans doute de l'affaire que la mise en lumière, grâce à des sites de journaux, des méthodes peu ragoûtantes dont ces directeurs usent vis-à-vis de leurs subordonnés directs. Quelques-uns d'entre eux semblent devoir payer de leur poste leur incurie ou leur promptitude à céder aux tentations de l'espionnite aiguë face au « péril chinois ». Un enregistrement du directeur juridique, récemment révélé, vient à nouveau de rappeler que, pour Renault, « la Chine [était] dans l'axe »...

Pour les dirigeants de l'entreprise désignés par le conseil d'administration (CA), on imagine que des parachutes s'ouvriront afin de leur éviter une chute trop brutale. Patrick Pelata, le numéro deux, se retrouve tout bonnement muté chez Nissan. Quant à Carlos Ghosn soi-même, il se contentera du ridicule et du sacrifice de la part variable de son bonus annuel - de Renault uniquement, et non de Nissan : un petit million six cent mille euros qui participera à l'indemnisation des cadres injustement licenciés.

À part la mise à l'écart des directeurs, des lampistes haut de gamme en quelque sorte, le CA envisage, outre cette indemnisation, quelques mesures hautement symboliques, comme la mise en place d'une direction de... l'éthique. Comme si un grand groupe capitaliste qui, l'oil rivé sur la courbe du profit, n'hésite pas à sacrifier des milliers d'emplois et à pourrir la vie des ouvriers, des employés et des ingénieurs obligés à des cadences et une rentabilité intenables, avait quelque chose à voir avec l'éthique. Autant demander à un crocodile de devenir végétarien !

Car de toute façon tous ces dirigeants, comme leurs mandants gros actionnaires, sont totalement incontrôlables, sauf si les dizaines de milliers de travailleurs qui fabriquent les voitures, les profits et les bonus se mettent à exercer des audits de contrôle... à leur manière.

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