Plus de 2 000 travailleurs de la centrale d'achat de Système U Ouest, répartis sur cinq sites (Côtes-d'Armor, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Vendée) ont fait grève du 7 au 11 avril inclus pour obtenir 3 % d'augmentation des salaires.

À la suite des négociations annuelles obligatoires, la direction ne proposait que 1,3 % d'augmentation générale, plus 0,5 % sur la prime de panier. La plupart des travailleurs ont considéré cela comme une provocation, et l'idée de la grève s'est imposée dans tous les entrepôts.

La direction a alors tenté d'empêcher son déclenchement en écrivant à tous les salariés pour les intimider, mais aussi en proposant 0,5 % d'augmentation en plus. Rien n'y a fait, les travailleurs voulaient la grève, et l'intersyndicale a donc décidé d'y appeler pour les 3 %.

À Trélazé dans le Maine-et-Loire, la CGT, majoritaire sur le site, proposait de revendiquer 80 euros d'augmentation, mais les travailleurs ont préféré se rallier à la revendication acceptée par les autres syndicats de l'intersyndicale (FO, CFDT, CFTC), majoritaires dans les autres sites. En effet, ils estimaient que la grève devait être sur l'ensemble des entrepôts ou ne pas être. Ils avaient bien le sentiment que 3 % ce n'était vraiment pas beaucoup (environ 40 euros) mais la volonté d'agir dans l'unité primait. La grève a été suivie à 90 % à Trélazé et elle était très majoritaire sur l'ensemble des sites.

Dès samedi 9 avril, les magasins de Système U commençaient à avoir des difficultés à remplir les rayons, et le dimanche environ 80 patrons de ces magasins, qui sont des gérants à leur compte, sont allés protester à Nantes contre la grève, se plaignant non de la direction mais des grévistes.

Du coup, dimanche soir 10 avril à 23 h 30 la direction a proposé de négocier. Lundi matin la proposition était d'augmenter de 120 euros la prime d'intéressement qui doit être versée fin avril, ce qui couvre les jours de grève aux deux tiers. Les syndicats FO (majoritaire dans l'entreprise Système U) et CFDT, trop contents, se sont dépêchés de signer l'accord sur les salaires et ont appelé à la reprise. La CGT et la CFTC n'ont pas signé. De nombreux travailleurs pensaient que l'on aurait pu continuer le mouvement, qu'on tenait le bon bout. Mais l'unité syndicale s'étant rompue, le travail a repris dès le soir.

À Trélazé, beaucoup de travailleurs disaient être dégoûtés devant l'attitude de FO et de la CFDT et ont repris le travail en colère. Mais il n'en reste pas moins que cette grève (la première d'une telle durée depuis bien longtemps) a montré la force des travailleurs qui, en quelques jours, ont mis en rupture de stocks beaucoup de magasins U de la région Ouest. Cela, tous les grévistes ont pu le constater, et cette prise de conscience de leur force collective constitue le principal acquis de cette grève.