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Île de La Réunion : Quand les profits coulent à flots
Mardi 5 avril, près de trois cents manifestants se sont regroupés devant la mairie de Sainte-Suzanne, une commune de l'île de La Réunion, pour exprimer leur ras-le-bol face à la forte augmentation de leurs factures d'eau. Certaines personnes ont vu celles-ci doubler et même tripler. Les manifestants ont obtenu de la mairie qu'une réunion tripartite soit organisée le lendemain avec un responsable de Veolia, l'entreprise chargée de la distribution d'eau potable sur la ville, comme dans dix autres communes de l'île.
Veolia, spécialisée dans la distribution et la commercialisation de l'eau, mais aussi dans le traitement des ordures ménagères ou les transports en commun, est une filiale du groupe Vivendi. Premier groupe mondial dans le domaine de l'eau, Vivendi a fait 2,7 milliards d'euros de bénéfices en 2010, en hausse de 4 % par rapport à 2009.
Depuis que Veolia a arraché le marché à la ville de Sainte-Suzanne, le prix du mètre cube d'eau est réévalué tous les ans, à la hausse évidemment. Et à ce prix déterminé par Vivendi, s'ajoutent toutes sortes de taxes perçues par les communes, la communauté de communes du Nord, ou l'Office régional de l'eau, la totalité de ces taxes dépassant même le prix de l'eau consommée.
Prix et taxes sont particulièrement injustes, d'autant que les services attendus en retour sont la plupart du temps insuffisants, voire inexistants. Ainsi en va-t-il du traitement des eaux usées, alors que les stations d'épuration ne sont pas aux normes et ne traitent qu'une partie de celles-ci. Ainsi en va-t-il de la modernisation des réseaux, d'où 50 % de l'eau produite part dans la nature pour insuffisance d'entretien des canalisations.
Enfin, ce que les consommateurs trouvent également scandaleux, c'est qu'aucune politique de compensation ne soit appliquée par Veolia pendant les périodes de fortes pluies, quand l'eau du robinet est boueuse et donc impropre à la consommation pendant des semaines.
Le service de l'eau devrait être un service public, garantissant un approvisionnement au prix coûtant, et non une pompe à fric utilisée pour arroser quelques gros actionnaires, y compris les collectivités territoriales.