L'Union européenne et les « clandestins tunisiens » : Les hauts murs13/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2228.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

L'Union européenne et les « clandestins tunisiens » : Les hauts murs

Depuis des semaines que des milliers de Tunisiens fuyant la misère au péril de leur vie arrivent dans l'île italienne de Lampedusa, le gouvernement de Berlusconi, qui veut montrer qu'il n'accepte pas de nouveaux immigrés sur son sol, déclare qu'il faut que cette question soit gérée et résolue à l'échelle de l'Union européenne.

Mais les autres gouvernements européens font la sourde oreille. Le ministre allemand avance que le pays a ses propres immigrés clandestins, venus de l'Est, pour lesquels l'Italie ne paye rien. Les autorités espagnoles demandent à l'Italie de reconduire elle-même les Tunisiens dans leur pays. La police française renvoie en Italie les migrants ayant réussi à franchir la frontière.

Alors, à l'occasion d'une réunion des ministres de l'Intérieur des pays européens, lundi 11 avril, le ministre italien a menacé de fournir des permis de séjour temporaires à ces immigrants illégaux. Cela reviendrait à leur donner le droit de gagner le pays de l'Union de leur choix, forçant ainsi la main aux collègues européens de l'Italie. Cette menace a provoqué un tollé général : l'Allemagne a menacé de rétablir les contrôles aux frontières ; la France a envoyé des renforts de police sur la frontière italienne et Guéant a dit qu'il s'opposerait à l'entrée des Tunisiens par « tous les moyens légaux » ; le représentant autrichien a été jusqu'à affirmer que laisser passer les Tunisiens sans papiers serait « laisser entrer la criminalité », ce qu'il ne saurait tolérer.

Ce n'est évidemment pas la dilution de 27 000 Tunisiens arrivés en Italie, fussent-ils sans papiers, parmi les 500 millions d'Européens qui inquiète les gouvernements de l'Union. Seulement tous ces politiciens sont engagés dans une course aux voix à droite et c'est à qui tiendra les propos les plus « fermes », c'est-à-dire les plus xénophobes et les plus antipauvres. La même logique sordide, qui fait qu'en France Guéant surenchérit chaque semaine sur Le Pen, se produit peu ou prou partout en Europe. Il s'établit même maintenant une concurrence de ce type entre États européens, avec menace de rétablir les frontières, voire de quitter l'Union.

Elle a bonne mine, l'Europe unie, l'Europe des droits de l'homme qui se déchire à qui se montrera le plus égoïste et saura le mieux renvoyer à la misère quelques milliers de malheureux !

Ces mêmes gouvernements européens depuis des mois ont tous prétendu défendre les « progrès de la démocratie » en Tunisie, en Libye et ailleurs. Mais dès que la situation dans le monde arabe a pour eux des conséquences concrètes, on voit que leur « démocratie » a pour les pauvres le goût des camps de réfugiés, des barbelés, des matraques et des expulsions.

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