Recherche sur les cellules souches et loi de Bioéthique : Contre la science, l'Église trouve l'appui du gouvernement13/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2228.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

Recherche sur les cellules souches et loi de Bioéthique : Contre la science, l'Église trouve l'appui du gouvernement

L'Église catholique n'aime pas la science. Ce n'est ni nouveau ni étonnant : chaque pas que l'humanité fait vers une meilleure compréhension du monde et des êtres qui le peuplent apporte de quoi faire reculer les superstitions, fonds de commerce des religions. Alors, l'Église ne voit pas d'un bon oil les avancées scientifiques et les combat avec acharnement quand cela touche à ce qu'elle considère comme ses préceptes intouchables.

L'un d'eux est le prétendu « don divin de la vie », qui ferait de Dieu le créateur de tout être humain depuis l'origine, une origine que, depuis une trentaine d'années, l'Église catholique a située au moment de la fécondation de l'ovocyte par le spermatozoïde.

Du coup, la recherche sur les cellules souches issues de l'embryon fait partie des cibles les plus récentes des attaques antiscientifiques du Vatican. Ces cellules dites « souches embryonnaires » apparaissent furtivement chez l'embryon pendant 48 heures, une semaine après la fécondation de l'ovocyte par le spermatozoïde. Ces quelques dizaines de cellules ont deux propriétés singulières : elles peuvent se multiplier à l'infini et, lorsqu'on les en empêche, donnent naissance à tous les tissus de l'organisme.

Il s'agit donc potentiellement des meilleurs outils pour cette « médecine régénératrice » grâce à laquelle on espère bientôt pouvoir traiter les patients atteints de maladies dans lesquelles une population de cellules disparaît, tel le diabète - pour les cellules du pancréas productrices d'insuline - ou l'infarctus du myocarde. On peut aussi grâce à elles, comme une équipe de chercheurs d'Évry vient de le montrer, étudier les mécanismes qui provoquent certaines maladies génétiques.

Pour faire de la recherche sur ces cellules, il faut les prélever chez un embryon voué à la destruction, un embryon « surnuméraire », comme on en produit à chaque fécondation in vitro. Il y en aurait aujourd'hui, conservés depuis des années, plus de 100 000 rien qu'en France.

Utiliser des cellules pleines de promesses pour le traitement de patients vivants, provenant d'embryons destinés à la destruction : il faut vraiment avoir l'esprit tordu pour s'opposer à cela au nom de la « défense de la vie ». Et c'est ce que fait l'Église, en jetant l'anathème sur toute recherche accomplie sur ces cellules, comme elle combat tout ce qui mettrait en cause ce qu'elle appelle « l'ouvre de Dieu », du préservatif à l'avortement, en passant par le dépistage durant la grossesse des handicaps fotaux ou d'anomalies génétiques majeures.

Pour porter sa sainte parole contre la science lors des débats autour de la révision de la loi de Bioéthique, l'Église catholique n'avait au Parlement que quelques individus situés à droite de l'UMP. Pas assez pour assurer que la recherche sur les cellules souches continue d'être bloquée, comme l'Église avait réussi à l'obtenir totalement jusqu'en 2004, et partiellement depuis. Mais s'y sont ajoutés les calculs électoraux de l'Élysée et du gouvernement. Tout comme Sarkozy a su, il y a quelques années, se déguiser en chanoine pour faire plaisir au pape, le petit monde ministériel a multiplié à l'Assemblée les génuflexions destinées à l'électorat catholique traditionaliste qu'il espère récupérer.

Au lieu de donner enfin aux chercheurs l'autorisation d'effectuer leur travail, le gouvernement a donc proposé de maintenir l'interdiction des recherches sur l'embryon, même si des dérogations sont prévues à titre exceptionnel. Pire, en réponse à la demande du lobby des députés catholiques, le projet de loi a été réécrit de telle façon que, s'il était finalement adopté, il provoquerait en pratique l'arrêt de la moitié des programmes de recherche sur les cellules souches embryonnaires, du fait d'obstacles insurmontables introduits dans les démarches réglementaires.

Il y a des coups de pied aux c. bénis qui se perdent, comme à ceux qui le leur lèchent.

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