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Dans les entreprises
Toyota - Onnaing (Nord) : La grève continue
Mardi 12 avril était la neuvième journée de grève à Toyota, pour une prime de 1 500 euros et le treizième mois, y compris pour les intérimaires. Il manquait toujours plus d'un millier d'ouvrières et d'ouvriers dans les ateliers de production c'est-à-dire la moitié des CDI. Près de 600 intérimaires, déjà présents avant la grève, continuaient aussi à travailler. La production n'atteignait pas la moitié des 790 voitures prévues par jour avant la grève. Et une grande partie de ces voitures ne peuvent quitter l'usine car elles doivent passer en retouche.
C'est cela la force des grévistes : sans même qu'ils bloquent les portes de l'usine, les trains d'expédition des voitures sont annulés et les remorques de pièces s'entassent sur le parking. Les six syndicats ouvriers de l'usine, CGT, FO, CFDT, CFTC, UNSA et SUD, soutiennent la grève et le comité de grève. À tous les changements d'équipe, des grévistes discutent avec les non-grévistes, distribuent le journal de la grève. Des textos s'échangent en permanence, permettant aux grévistes d'être informés en temps réel de la production réalisée et du climat à l'intérieur.
Mercredi 6 avril, des assemblées avaient été organisées à la pause dans l'usine par les délégués d'ouvriers : le matin une centaine sont venus, le double l'après-midi et ils ont voté à main levée les revendications de la grève en solidarité avec les grévistes. La direction avait cru bon d'annoncer la réduction de la prime d'intéressement. sous prétexte de la grève bien sûr. La menace d'un débrayage l'a fait rapidement changer d'avis : la prime repassait comme par miracle de 590 euros à 700 euros ! Enfin vendredi 8 avril, plus de 80 non-grévistes rejoignaient la grève avant la fin de leur poste.
Ce 8 avril fut une grande journée, avec près de 400 grévistes sur le parking sous un soleil radieux, les télévisions, et Fabien Thiémé, vice-président du Conseil général du Nord et maire PCF, Olivier Besancenot pour le NPA et Nathalie Arthaud pour Lutte Ouvrière, venus apporter leur soutien. Toute la semaine se sont aussi succédé les soutiens syndicaux, de la CGT surtout, de FO, de la CFTC.
Des équipes de grévistes sont allées à la rencontre des clients de plusieurs hypermarchés. D'autres équipes ont distribué des tracts devant Sevelnord (Peugeot-Fiat), UMV (Peugeot) et Bombardier (ferroviaire), avec à chaque fois un accueil chaleureux des militants syndicaux et des travailleurs. En comparant leurs payes, les grévistes de Toyota vérifient qu'ils sont toujours 100 à 300 euros en dessous.
La direction refuse de discuter, sous prétexte que les négociations annuelles sont en décembre ! Sauf que les prix augmentent tous les jours et qu'il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. La direction voudrait culpabiliser les grévistes pour le fait de revendiquer après la catastrophe du tremblement de terre et du tsunami du Japon. Que de nombreux travailleurs japonais soient en grande difficulté, c'est évident, mais que font les actionnaires de Toyota pour les aider qui les empêcherait de réduire un peu leurs bénéfices pour augmenter nos salaires ? Rien ! La solidarité de Toyota envers les sinistrés s'est élevée à 2,3 millions d'euros. comparés aux 3 milliards au moins de bénéfices que Toyota pourrait bientôt déclarer : même pas un millième des profits engrangés cette année !
En tout cas, loin de s'essouffler, la grève se maintient. Mardi 12 avril, encore 150 grévistes ont fait un grand tour des ateliers et remis leurs revendications à des membres de la direction. D'autres équipes filtraient la circulation sur l'axe de la zone industrielle, provoquant de gros blocages de camions et des retards importants aux prises de postes. Une autre équipe était reçue par la maire de Saint-Saulve, qui avait été avec Boorlo une fervente supporter de la venue de Toyota.
À la réunion du Comité d'entreprise extraordinaire, la direction a annoncé du chômage technique à partir du 21 avril, ainsi qu'en Angleterre et en Turquie. Le groupe Toyota avait déjà prévenu que le manque de pièces provenant du Japon mettrait ses usines des États-Unis et du Canada en cessation de production. D'autres constructeurs sont confrontés au même problème d'approvisionnement. Mais à Onnaing, il est bien difficile de savoir si le manque d'approvisionnement en pièces est réel, car les retards de production depuis deux semaines sont tels que l'usine devrait pouvoir tourner jusqu'en début mai avec les stocks prévus pour la production normale. Et quoi qu'il en soit la grève continue.