Islande : Les habitants refusent à nouveau de payer pour les banques13/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2228.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

Islande : Les habitants refusent à nouveau de payer pour les banques

Lors d'un référendum organisé le 9 avril, les électeurs islandais ont rejeté pour la deuxième fois, à près de 60 % des voix, avec une participation supérieure à 75 % des inscrits, un plan de remboursement de l'ardoise laissée, en 2008, par la faillite de la banque Icesave, filiale en ligne de la banque islandaise Landsbanki.

Il y a à peine plus d'un an, ils avaient déjà massivement refusé un premier plan, concocté « à l'amiable » par leur gouvernement en accord avec ceux des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne, adoubés par le FMI et l'Union européenne. Le deuxième plan proposé à leurs suffrages leur imposait de rembourser aux banques britanniques et hollandaises, et aux spéculateurs gros et petits qu'elles avaient su appâter avec des taux de 5 à 6 %, une somme de près de quatre milliards d'euros. Celle-ci correspond à l'évaporation des placements financiers investis chez Icesave, mise en faillite en 2008.

Le remboursement que le gouvernement de coalition écologistes/social-démocrates demandait à la population d'accepter représenterait 12 000 euros par habitant, étalés sur trente ans. Alors que le chômage a, en deux ans, grimpé de 1 à 8,6 %, que de nombreuses familles ont à cause de la crise perdu leur maison, ne pouvant plus faire face à leurs prêts immobiliers, la population islandaise a désavoué ses parlementaires et son gouvernement. Et cela malgré la pression des sondages favorables au « oui », malgré les menaces de « chaos politique et économique » invoquées par la Première ministre et malgré Dominique Strauss-Kahn qui, à la tête du FMI, rappelait récemment : « Il y a des obligations internationales à respecter pour le pays (.). L'Islande, comme certains autres pays, ne peut pas être immunisée contre ce qui a été fait par son secteur financier. »

De leur côté les banques créancières, soutenues par leurs gouvernements respectifs, ont l'air décidées à porter l'affaire devant les tribunaux, comme le claironne le ministre britannique du Trésor. Quant au gouvernement islandais, il a immédiatement tenu à rassurer « les marchés », en précisant que la banque-mère, Landsbanki, avait de toute façon les moyens d'indemniser 90 % des fonds déposés et que le référendum n'aurait en quelque sorte aucun impact sur les remboursements.

La population, qui n'a pas vu la couleur des profits phénoménaux réalisés tant par les banques islandaises que par leurs homologues britanniques et néerlandaises, vient cependant d'infliger aux gouvernants comme aux banques une volée de revers bien placée.

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