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Leur société
Parti Socialiste : Un programme pour ratisser large sans rien promettre
Le conseil national du Parti Socialiste a adopté le 9 avril le programme du parti pour 2012, intitulé «Le Changement», et sur lequel « le Parti Socialiste, ses militants, ses responsables, ses parlementaires, ses élus locaux travaillent avec sérieux depuis plusieurs années, en dialogue avec les Français, en lien avec les organisations syndicales et l'ensemble des corps intermédiaires, les associations, les mouvements d'éducation populaire et de jeunesse, les autres formations socialistes regroupées au sein du Parti Socialiste Européen et de l'Internationale socialiste ». Il se targue d'« articuler le capital, le travail et l'environnement » pour présenter les « solutions du 21e siècle ».
La cinquantaine de pages du programme constitue un véritable exercice de style : phrases ronflantes et ampoulées qui ne veulent rien dire mais qui doivent faire entendre une musique destinée à faire croire que le Parti Socialiste a changé, et surtout lui permettre de plaire à beaucoup, en particulier aux écologistes.
On y lit que « la conviction que démocratie et marché, droits de l'homme et commerce vont de pair est remise en cause par les capitalismes de parti unique ou de mafias qui supplantent nos économies » ou que « les nouvelles technologies peuvent aussi conduire à l'aggravation des conditions de production des salariés : sous-traitance, recours intensif aux contrats à durée déterminée, à l'intérim et aux temps partiels, réductions des temps de pause... » Mais le Parti Socialiste nous affirme que « l'avenir aime la France », « il faut agir pour ne pas subir », « ce n'est pas parce que la montagne est haute qu'il faut renoncer à la gravir » ou encore « il y a urgence à forger un bouquet énergétique qui concilie respect de l'environnement, satisfaction des besoins, réduction de notre consommation », etc. Lapalissades, proverbes ou maximes, envolées lyriques ou phrases sans queue ni tête, le Parti Socialiste a vraiment fait beaucoup d'efforts pour convaincre qu'avec lui l'espoir n'est plus « en panne » ! De la taxe carbone à la taxe Tobin, il y en a pour tous les goûts, à condition de ne pas vouloir trop de précisions.
Du concret pour les patrons, des bavardages pour les travailleurs
En fait, les propositions proprement dites tiennent en quatre pages. Il y en a trente, dont un certain nombre, comme par exemple « une agriculture et une pêche rémunératrices, durables et valorisées », dépendent, selon le Parti Socialiste, du bon vouloir des autres pays. Tant pis pour les petits producteurs qui devront attendre « une nouvelle politique agricole commune au niveau européen » !
Avec la Banque publique d'investissement, le Parti Socialiste veut « investir massivement » dans ce qu'il appelle les activités stratégiques, les filières d'avenir... Bref, il va à nouveau utiliser l'argent public pour aider le patronat. La réduction de 33 à 20 % de l'impôt sur les bénéfices réinvestis encouragera toutes sortes de placements spéculatifs abusivement appelés « investissements », de même que les rachats d'autres entreprises, qui ne sont pourtant en rien des investissements productifs, bien au contraire ! C'est une des rares mesures chiffrées de ce programme, très favorable au patronat.
Les salariés, eux, auront droit, non pas à des « investissements massifs », mais à un « compte temps-formation » dont le PS ne nous donne aucun détail mais dont il affirme qu'il s'agit « d'une sécurité sociale professionnelle » qui résout tous les problèmes et permet « à chacun de reprendre des études, de réaliser un projet personnel, de s'occuper de sa famille et choisir les modalités de son départ à la retraite ». Et tout cela financé comment ? Car le problème, c'est qu'en matière de salaires le PS ne s'engage qu'à organiser une conférence salariale annuelle et à « revaloriser le pouvoir d'achat du smic », de combien ? Mystère ! Réduire la hiérarchie des salaires en limitant les salaires des PDG, cela peut être bon pour les actionnaires mais ça ne donnera pas un sou de plus aux salariés !
En ce qui concerne l'emploi, le PS ne s'engage qu'à créer 300 000 emplois-jeunes en cinq ans, une goutte d'eau par rapport à l'ampleur du chômage. Il prétend pénaliser financièrement les entreprises qui opèrent des licenciements « boursiers » et qui distribuent des dividendes. Les licenciements « économiques » ne seront donc pas sanctionnés. Quant aux licenciements dits boursiers, il suffira que le patron reporte de quelques mois le versement de dividendes pour échapper à la sanction.
En matière de salaires et d'emploi, les travailleurs sont donc laissés pour compte.
Rien pour les services publics
Les 150 000 logements sociaux que le PS s'engage à financer par an seraient très loin de résoudre le problème des trois millions de personnes qui ont besoin d'un logement décent. Il faudrait en construire dix fois plus.
Et ce qui concerne les services publics utiles à la population, le flou est de rigueur. Dans l'Éducation nationale, on aura droit à une nouvelle refonte des programmes et des rythmes scolaires et, si le PS donne « la priorité à la réussite dans le primaire », il se garde bien de promettre de rétablir les dizaines de milliers de postes d'enseignants supprimés ces dernières années.
De même, dans le domaine de la santé, il prétend « remettre l'hôpital public au cour du système », ce qui ne veut strictement rien dire, d'autant qu'il n'est pas question, là non plus, d'embaucher le personnel nécessaire.
Le seul engagement chiffré concerne les policiers et les gendarmes : il y en aurait 10 000 de plus en cinq ans.
Le Parti Socialiste ne propose donc rien qui garantisse à la population laborieuse de meilleures conditions de vie et de travail. Il ne s'engage même pas à rétablir tout ce que le gouvernement actuel a démoli.
Le peu de propositions que le PS fait l'est encore sous condition ! Il prévient déjà que « la situation des comptes publics est difficile en 2011 et ne permettra évidemment pas tout, tout de suite, en 2012 » et que, « sans redressement des comptes publics, il n'y aura pas de confiance durable dans l'économie et pas de moyens pour financer les priorités des Français ».
Et puis, pour bien faire comprendre qu'aucun engagement n'a été pris, les dirigeants du PS ont souligné que la ou le futur candidat ne sera pas lié par ce programme dont il lui suffira de « s'inspirer » ! Autant dire que c'est du vent ! Et autant dire que le PS s'apprête à faire payer à la population laborieuse les déficits creusés pour sauver les profits des banques et des grandes entreprises, et qu'il s'apprête à continuer à dilapider l'argent public pour aider le patronat à traverser la crise sans en payer le prix. Autant dire que ce n'est pas sur le résultat des élections de 2012 que les travailleurs peuvent compter : ils leur faudra se défendre eux-mêmes.