Chacun a pu constater la hausse des tarifs d'assurances pour 2011, qui vont de 4,4 % à 9 % pour l'assurance habitation, et de 2,5 % à 4,5 % pour l'automobile. Mais Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, a trouvé la parade : il faut faire jouer la concurrence. Lundi 11 avril, elle a présenté ses propositions en matière de résiliation des contrats.

Elle préconise d'abord que toutes les compagnies aient un délai unique de résiliation, en prévenant l'assuré vingt jours avant la date anniversaire de son contrat, ce qui lui permettrait de ne pas se laisser piéger, comme cela arrive trop souvent, et de changer d'assureur. Ensuite, sur les contrats, les droits des assurés sur la possibilité de résiliation devront être inscrits de manière lisible et non pas en tout petits caractères.

C'est à croire que Lagarde découvre cette pratique habituelle des compagnies d'assurances ! Mais, à supposer qu'un assuré veuille suivre ses conseils, il lui faudra déjà s'y retrouver dans le maquis des contrats pour savoir lequel est plus avantageux en fonction des risques qu'il veut couvrir. Et quand on sait que les comparateurs de tarifs proposés sur Internet sont pour certains initiés par des compagnies d'assurances, on peut s'interroger sur leur objectivité. Enfin, changer de compagnie n'annulera pas la hausse des tarifs.

Mais surtout, l'argument de la mise en concurrence qui ferait baisser les prix n'est qu'un plat maintes fois réchauffé et servi avec la même sauce rance. Sarkozy disait déjà il y a trois ans qu'il fallait « rendre du pouvoir d'achat aux Français en créant les conditions de la concurrence pour faire baisser les prix ». On voit ce qu'il en est. Les prix des péages d'autoroutes ont-ils baissé depuis que ce sont des sociétés privées qui en ont le contrôle ? Un autre exemple parlant concerne la téléphonie mobile, où il est impossible d'y voir clair : Bouygues propose 59 types d'abonnement, Orange 51 et SFR « seulement » 27. Et quel que soit le choix de l'usager, de toute façon, le téléphone lui coûte cher.

Dans le même genre, Lagarde demandait récemment aux automobilistes de faire des kilomètres pour trouver une pompe vendant de l'essence moins cher, d'adopter une « conduite économique », voire de rouler en vélo. Elle a le chic pour proposer des solutions qui n'en sont pas, rendant les usagers responsables de la baisse de leur niveau de vie. Cela lui évite de s'en prendre aux grandes sociétés, qui s'entendent d'ailleurs entre elles pour augmenter leurs tarifs et qui sont responsables de la hausse des prix.