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- Lutte ouvrière n°2228
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Editorial
Il faut une augmentation de tous les salaires et l'échelle mobile
Et un de plus ! Cette fois, c'est Borloo qui se met sur les rangs pour postuler à l'Élysée, s'ajoutant à la cohue de ceux qui, à droite, ont déjà fait acte de candidature.
Du côté du Parti Socialiste, ils sont nombreux aussi à dire, ou à laisser entendre, qu'ils s'engageront dans cette course. On a beau zapper d'une chaîne à l'autre, on n'entend parler que de cela. On suppute les chances des uns et des autres en commentant, avec le plus grand sérieux, des sondages dont les mêmes nous disent qu'ils ne signifient rien.
Et nous sommes encore à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle. Cela promet pour les mois à venir !
Tous ces hommes politiques s'évertuent à nous convaincre que, si on les choisit dans douze mois, cela ira mieux pour tout le monde, y compris pour nous, les travailleurs. Pourtant, bon nombre d'entre eux ont été ministres : soit dans des gouvernements de droite, c'est le cas de Borloo, qui a même failli être Premier ministre à la place de Fillon, mais c'est aussi le cas de Villepin ; soit dans un gouvernement de gauche, comme Strauss-Kahn, Aubry, Royal ou Mélenchon. Aucun n'a laissé de son passage au gouvernement le souvenir de décisions favorables aux classes populaires. D'ailleurs, aucun de ces candidats ne prend d'engagement précis concernant l'emploi et le pouvoir d'achat, s'il était élu. Ils promettent tous, sous une forme ou une autre, de rembourser la dette creusée par des décennies de subventions au grand patronat et approfondie depuis 2008 par la crise, c'est-à-dire par les exactions commises par les banquiers et les organismes financiers qui ont spéculé à tout va.
En un mot comme en cent, ils s'engagent auprès de la bourgeoisie à faire payer, par le monde du travail, la crise provoquée par les capitalistes.
Pourtant, les difficultés qui assaillent les classes populaires et le monde du travail ne datent pas d'hier, mais s'aggravent chaque jour. Les chiffres du chômage se maintiennent à des sommets rarement atteints.
L'augmentation des prix sur les produits de première nécessité (les loyers, les assurances diverses, le gaz, l'électricité, les produits alimentaires de base) rogne de semaine en semaine le pouvoir d'achat des foyers populaires.
Sarkozy, avec le culot qui est le sien, prétendait qu'on pouvait améliorer notre sort en travaillant plus. On constate aujourd'hui qu'avec un salaire qui ne bouge pas, ou à peine, on y arrive de moins en moins. On s'aperçoit que les fins de mois arrivent de plus en plus tôt, et qu'aujourd'hui, en travaillant autant, on réussit de moins en moins à payer nos factures et nos échéances et que les caddies sont de moins en moins remplis. Sans parler de ceux qui ne sont plus au travail, les chômeurs, les retraités, de plus en plus nombreux au bord du dénuement.
Les travailleurs ne peuvent pas et ne doivent pas attendre l'arme au pied, dans la perspective d'un illusoire changement apporté par les urnes.
Comme les salariés des supermarchés Carrefour nous l'ont montré, en débrayant nombreux, samedi 9 avril, dans une entreprise où il n'est pourtant pas simple de se mettre en grève ; comme ceux du groupe de construction Eiffage qui sont en grève sur de gros chantiers ; comme les travailleurs de l'usine Toyota, à Onnaing dans le Nord, il faut que les travailleurs réclament leur dû. À savoir une augmentation substantielle des salaires, largement justifiée au regard de l'augmentation du coût de la vie, au regard aussi des profits emmagasinés par les grandes sociétés, y compris depuis que la crise s'est installée.
Au-delà de ces exemples de lutte que les médias ont plus ou moins signalés, il y en a des centaines d'autres dont on n'entend pas parler, englobant des milliers et des milliers de travailleurs qui se battent pour des augmentations de salaire.
Il suffirait que ces luttes convergent dans un mouvement d'ensemble pour qu'il devienne possible d'imposer au patronat une augmentation générale et importante de tous les salaires ; et, pour que ces salaires conservent un même pouvoir d'achat, d'imposer au gouvernement l'échelle mobile des salaires et des pensions.
Oui, c'est à notre portée, à nous travailleurs !
Arlette Laguiller
Éditorial des bulletins d'entreprise du 11 avril