Préfecture de Seine-Saint-Denis : Les conditions indignes d'accueil des étrangers22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Préfecture de Seine-Saint-Denis : Les conditions indignes d'accueil des étrangers

Les associations de Seine-Saint-Denis qui militent pour la défense des étrangers et luttent contre les discriminations, parmi lesquelles la Cimade, la Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, le Gisti, la Ligue des Droits de l'Homme, le Mrap, RESF et le Secours catholique, publient un « Livre noir » où elles dénoncent l'indignité des conditions d'accueil des étrangers à la préfecture de Bobigny.

Des queues interminables de centaines de personnes doivent passer la nuit dans des conditions lamentables pour décrocher un ticket permettant d'entrer dans le service d'accueil. Il n'y a aucun accès prioritaire pour les handicapés ou les femmes enceintes, l'information est quasi inexistante. Avant l'entrée, certains sont refoulés pour des raisons arbitraires ou pour établir un quota en fonction du nombre de guichets ouverts. Beaucoup repartent sans avoir pu entrer : ils n'étaient pas dans la bonne file, ils n'avaient pas les bons documents, etc. Les chanceux ont droit à... un nouveau temps d'attente de plusieurs heures pour accéder à un guichet où ils se verront encore refuser un dossier qui devrait être accessible à tous. Et, bien sûr, les éléments de confort minimum sont inexistants : toilettes mal entretenues, parfois fermées, absence de distributeurs de boissons...

Ce traitement inhumain entraîne des tensions et aussi des trafics de places dans la queue ou d'accès aux tickets.

Les associations remarquent que cette situation est à peine meilleure pour le personnel de la préfecture obligé de travailler dans des conditions difficiles, engendrant fatigue et énervement, et incitant à un traitement expéditif des situations, voire à des réactions xénophobes.

Cette situation découle du fait qu'une seule préfecture doit gérer l'essentiel des dossiers de deux arrondissements. Comme dans tous les services publics, il y a une insuffisance des moyens budgétaires et humains. Et dans la logique de la politique d'un gouvernement qui pénalise les étrangers, il y a une multiplication des titres précaires et donc des déplacements en préfecture.

Pour redresser la barre, les associations estiment qu'il faudrait mettre en place une seconde sous-préfecture, avec des locaux rénovés et insonorisés, des employés plus nombreux et bien formés. Les instructions données à ces employés devraient être connues de tous et les procédures simplifiées. On devrait pouvoir se renseigner par téléphone et par mail et disposer, en préfecture comme en mairie, de fiches d'information multilingues et des documents et formulaires indispensables.

Tout cela est évidemment à la portée de l'État. Les associations soulignent que l'accueil est mieux organisé ailleurs, notamment en sous-préfecture du Raincy ou dans d'autres préfectures de l'Île-de-France. Et, même à Bobigny, il y a eu des périodes où la situation était moins tendue. Mais aujourd'hui l'accueil dans cette préfecture est emblématique du mépris et de l'arrogance du gouvernement vis-à-vis des étrangers, qu'ils soient en situation régulière ou dans l'attente d'être régularisés.

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