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Enlèvement au Niger : Fait divers dramatique... et politique d'un trust
Jeudi 16 septembre, sept employés d'Areva et d'une filiale de Vinci ont été enlevés au Niger. Ils se trouveraient au Mali, dans une zone montagneuse à la frontière de l'Algérie. Les ravisseurs seraient des membres de l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
La polémique enfle sur la façon dont la protection des salariés était assurée ; Areva et le gouvernement du Niger se renvoient la balle. Des menaces auraient été formulées par téléphone avant cet enlèvement, sans que des mesures de protection supplémentaires aient été prises et Areva reconnaît quelques défaillances. Les ravisseurs n'ont fait parvenir aucune revendication.
Bref tout est très flou et autorise toutes les spéculations, depuis celle, très intéressée, du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux qui, sur sa lancée sécuritaire, y voit une menace terroriste généralisée y compris en France ; jusqu'à celle de l'Observatoire du nucléaire qui fait l'hypothèse que cette prise d'otages si prévisible fournit une trop belle occasion à la France d'intervenir militairement dans cette zone pour protéger son accès aux mines d'uranium. Les militaires ont en effet reçu pour la première fois depuis vingt-cinq ans l'autorisation d'entrer dans l'espace aérien et terrestre du pays.
Tout ce qu'on peut espérer, c'est que les personnes enlevées ne subiront pas le sort d'un autre otage, Michel Germaneau, assassiné en juillet dernier. Ce qu'on peut constater aussi, c'est à quel point l'exploitation de l'uranium par Areva, dont tous les gouvernements français ont été les représentants de commerce et les soutiens, ruine le pays et le dépouille de ses richesses.
Depuis quarante ans, le groupe français y exploite des mines d'uranium à ciel ouvert, comme celle d'Arlit, lieu de l'enlèvement ; il a récemment lancé un nouveau chantier à Imouraren. Tout cela se fait au plus grand mépris de la sécurité des travailleurs et des habitants : le taux de radioactivité de l'eau à Arlit était, en 2005, quarante à cent fois plus élevé que les normes fixées par l'OMS, les déchets miniers entassés à l'air libre. Après des protestations du gouvernement de Mamadou Tandja, Areva avait dû augmenter de 50 % le prix auquel il payait l'uranium, jusque-là très en-dessous du cours international, et accorder un peu plus de 33 % des parts de l'exploitation de la nouvelle mine d'Imarouren au gouvernement de Tandja, renversé depuis par un putsch militaire en février 2010.
Destruction de l'environnement, misère de la population, alternance de gouvernements civils et militaires qui tour à tour s'affrontent ou s'entendent avec les trusts au gré de leurs intérêts de cliques : voilà sur quoi prospèrent les actionnaires d'Areva tandis que se décompose un pays déjà parmi les plus pauvres du monde.