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- Lutte ouvrière n°2199
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Dans le monde
Sommet sur la pauvreté : Les affameurs pérorent, les affamés meurent
En l'an 2000, à l'ONU, les représentants des pays riches avaient pris l'engagement d'éradiquer la faim d'ici à 2015. Cette promesse, assortie à d'autres comme la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et maternelle, le développement de l'éducation primaire, l'égalité entre les sexes, reposait uniquement sur la bonne, ou mauvaise, volonté des pays riches de fournir de l'aide aux pays pauvres.
Réunis en 2005, les donateurs constatèrent que les promesses de dons n'étaient pas tenues et que la situation des damnés de la terre n'évoluait pas vite. À nouveau rassemblés à New York du 19 au 22 septembre, les mêmes admettent que, loin d'augmenter, l'aide aux pays pauvres diminue, les États riches prétendant avoir besoin de tous leurs moyens pour lutter contre la crise économique.
La France, par exemple, qui s'était engagée à consacrer 0,7 % de son produit intérieur brut à l'aide au développement n'en consacre que 0,47 %. Et encore faut-il regarder ce que l'on met dans cette rubrique, les aides de l'Etat français aux pays pauvres étant en général des aides indirectes... aux capitalistes français auxquels lesdits pays emprunteurs sont obligés d'avoir recours.
De réunion en réunion, il y a toujours un milliard d'hommes qui souffrent de la faim. Les progrès constatés par l'ONU ne doivent rien à la charité, ni à la justice. Ils concernent en effet les dizaines de millions de paysans chinois et indiens transformés en ouvriers des villes pour le plus grand profit des capitalistes et qui mangent désormais tous les jours. Outre le fait que beaucoup continuent à avoir le ventre vide, le sort des ouvriers d'Asie peut changer du jour au lendemain en cas de crise industrielle sévère. Quant à l'Afrique, elle s'enfonce un peu plus dans la misère.
Devant ce triste résultat, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, a déclaré : « Nous ne devons pas équilibrer nos budgets sur le dos des pauvres », le « nous » étant évidemment les États des pays riches. C'est pourtant très exactement ce qu'ils font, prenant sur les pauvres de leurs pays et sur les populations du monde entier de quoi satisfaire les appétits des capitalistes.
Ainsi, à Wall Street, à quelques pâtés de maisons du siège de l'ONU, d'autres travaillent à leur façon à changer le sort des affamés. Ce sont les courtiers de toutes les banques et groupes financiers internationaux qui spéculent à nouveau sur les denrées alimentaires et font monter leurs prix, conduisant ainsi sûrement des centaines de millions de personnes à passer de la faim à la famine.
Mais ni l'ONU, ni aucun État n'envisage de prendre quelque mesure que ce soit contre les spéculateurs.