Retraites, les « nouvelles » propositions de Woerth : Toujours les mêmes attaques, le mépris en plus22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites, les « nouvelles » propositions de Woerth : Toujours les mêmes attaques, le mépris en plus

Pour tenter de faire un contre-feu, à deux jours de la journée de grève et de manifestation du 23 septembre, Woerth, le ministre du Travail, dans une interview au journal Le Parisien, a rendu publique la position du gouvernement. Des évolutions seraient proposées à l'occasion de l'examen du texte sur la réforme des retraites par le Sénat, à partir du 5 octobre. Mais quelles évolutions ?

Woerth a déclaré : « Je souhaiterais qu'on puisse avancer sur trois sujets en particulier. » Le premier est ainsi présenté par le ministre : « Le président de la République souhaite augmenter le nombre de personnes handicapées pouvant bénéficier d'un régime de départ anticipé à la retraite. » En fait, il ne s'agirait en aucune façon « d'un départ anticipé », mais du simple maintien de l'âge de départ à 60 ans. Mais surtout, cette « modification » ne concernerait pas tous ceux qui ont été usés par leur travail et ses horaires, mais uniquement la minorité que la Sécurité sociale acceptera de reconnaître en invalidité, voire ceux victimes d'un handicap personnel reconnu.

De toute façon le gouvernement se trouve devant une difficulté légale vis-à-vis de toutes les personnes en invalidité. À l'heure actuelle, le versement des pensions d'invalidité pour maladie s'arrête automatiquement à l'âge de 60 ans, quel que soit le nombre de trimestres travaillés. Retarder l'âge de la retraite obligerait l'Assurance maladie à prolonger le temps de versement des pensions.

Ce que souhaite Sarkozy se limiterait à rajouter quelques milliers de bénéficiaires à ce qui a été voté à l'Assemblée nationale en matière de pénibilité : le maintien de la retraite à 60 ans limitée aux seuls salariés bénéficiant d'un taux d'invalidité de 10 %, ce qui ne concernait que les invalides du travail.

Quant au deuxième sujet, il s'agit de « répondre aux craintes des chômeurs âgés qui comptaient pouvoir prendre bientôt leur retraite ». Qui serait touché ? Mystère ! Mais l'énoncé même parlant de « ceux qui devaient prendre bientôt leur retraite » montre la portée limitée d'une telle mesure. Il y a, à l'heure actuelle, des centaines de milliers de salariés de plus de 55 ans sans emploi qui sont sans espoir de se voir proposer un travail correspondant à leurs capacités et à leurs compétences. Les employeurs continuent de licencier en masse et en priorité les plus de 50 ans, qui selon eux sont usés et trop payés. La durée de chômage de cette catégorie ne fait que croître. Après des années de chômage, l'arrivée de la retraite signifie pour beaucoup la possibilité de retrouver enfin une rémunération, même amputée à cause du chômage de longue durée. En attendant, beaucoup doivent survivre pendant des années avec des allocations misérables de fin de droit, le RSA ou rien du tout. Le recul à 62 ans de l'âge de départ à la retraite sera une tragédie pour une bonne partie de ces travailleurs. Là aussi, on peut s'attendre à des mesures homéopathiques touchant en réalité bien peu de personnes et qui relèveront de l'effet d'annonce. Car en préambule à « ces nouveaux amendements » annoncés, Woerth a tenu à rappeler que « ces bornes d'âge sont essentielles à l'équilibre du système ».

Restait le problème, rappelé par tous, de la situation des femmes qui aujourd'hui touchent en moyenne des pensions de retraite très inférieures à celles des hommes. Elles seront les premières victimes des mesures annoncées, tant la retraite à 62 ans que le report de 65 à 67 ans pour avoir une retraite non amputée de décotes lorsqu'on n'a pas tous ses trimestres de cotisation. Eh bien, selon Woerth, « la vraie question n'est donc plus celle de la durée de cotisation ou de l'âge de départ mais celle de la différence de salaire ». Pour enfoncer des portes ouvertes et ne rien changer, il n'y a pas mieux. « Il y a eu sur le sujet six lois votées qui n'ont pas changé grand-chose », constate d'ailleurs Woerth, qui en propose donc une septième. Mais pour le moment il ne répond même pas à l'aménagement très partiel proposé par le président UMP du Sénat, à savoir le maintien de la retraite sans décote, à taux plein, à 65 ans pour les seules femmes qui auraient eu trois enfants. Mais même si le gouvernement consentait à cet ultime aménagement, histoire d'améliorer l'emballage, cela n'enlèverait rien aux effets dévastateurs de cette réforme ni à l'injustice aggravée.

Woerth annonce ainsi à sa façon que comme toujours rien ne sortira de ces « évolutions », ni de l'Assemblée nationale, ni du Sénat. C'est en entrant par millions en lutte que les travailleurs pourront imposer leurs exigences. Cela doit commencer par l'annulation de toutes le réformes qui ont remis en cause le droit à la retraite, mises en place et consolidées par tous les gouvernements, de droite comme de gauche.

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