Luxembourg : La manifestation du 16 septembre, contre les premières mesures d'austérité22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Luxembourg : La manifestation du 16 septembre, contre les premières mesures d'austérité

Jeudi 16 septembre, les syndicats luxembourgeois avaient appelé les travailleurs à manifester contre les mesures d'austérité annoncées par le gouvernement Juncker. Travailleurs frontaliers et luxembourgeois, ils étaient près de 5 000 rassemblés dans la ville de Luxembourg pour exprimer leur refus sous les fenêtres des ministères entre 17 h et 18 h, sans appel à la grève.

La floraison des drapeaux rouges des syndiqués OGBL, (Confédération Syndicale Indépendante du Luxembourg, un syndicat plutôt à gauche) se mêlait à ceux du LCGB (Confédération Luxembourgeoise des Syndicats Chrétiens) et de l'ALEBA (Association Luxembourgeoise des Employés de Banque et Assurance). « Non à la discrimination », clamaient les banderoles « Même travail, mêmes droits ».

C'est, en effet, pour protester contre une mesure visant les travailleurs frontaliers que s'étaient rassemblés les manifestants : une loi votée par les députés en plein mois de juillet prévoit de retirer les allocations familiales à partir du 1er octobre, ainsi que le boni pour les étudiants de plus de 18 ans.

Les allocations familiales représentent une somme de 234 à 410 euros par mois et par enfant et le boni un montant annuel de 922 euros. Cette suppression sera compensée par des bourses d'études d'un montant équivalent (6 000 euros par an), mais les 150 000 non-résidents n'y auront pas droit - que ce soient les frontaliers de France, Allemagne ou Belgique ou encore les nombreux luxembourgeois habitant hors du Grand-Duché car l'immobilier y est hors de prix. Cela représentera un trou de plusieurs milliers d'euros par an pour le budget des familles dont les enfants poursuivent des études supérieures.

Au-delà de cette mesure qui tente de semer la division entre les salariés, c'est bien l'ensemble des travailleurs luxembourgeois qui sont visés. Cette loi n'est que la première étape de la politique d'austérité du gouvernement, qui veut faire payer aux travailleurs les conséquences de la crise économique et financière.

Lors de la crise financière de 2008-2009, le Luxembourg a consacré 2,5 milliards d'euros pour sauver la banque Dexia, et 376 millions pour Fortis. Ces largesses envers les banques sont la cause directe des déficits publics, encore modestes, mais nouveaux dans ce pays. La dette publique est de 7 milliards. Et c'est bien sûr aux travailleurs que le gouvernement demande de la combler.

D'où un certain nombre de mesures d'austérité votées ou envisagées, comme la suppression de l'indexation des salaires sur les prix ou la remise en cause des retraites, qui seront traitées séparément.

Au Luxembourg comme ailleurs, c'est la population que le gouvernement veut obliger à payer les folies spéculatives des banquiers. Les employés de banque sont dans le viseur. Le jour de la manifestation, Dexia a annoncé 665 nouvelles suppressions d'emplois (après un premier plan de 1 500) dont 140 au Luxembourg (après déjà 128 licenciements) dans le cadre d'un plan d'économies pour la banque de 160 millions d'euros.

En répondant présent à la manifestation, au-delà même des espérances des syndicats, les travailleurs, résidents comme frontaliers, ont montré qu'ils refusaient de rentrer dans le jeu de la division.

Les syndicats se placent maintenant sur le terrain juridique pour faire annuler la suppression des allocations familiales et du boni, arguant du fait que c'est une mesure discriminatoire envers les non-résidents. Reste que pour ne pas payer la facture de la crise, il faudra aller bien au-delà dans l'action.

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