Champagne Piper-Heidsieck - Reims : Les raisins de la colère22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Champagne Piper-Heidsieck - Reims : Les raisins de la colère

Vendredi 17 septembre, le conflit qui oppose depuis le mois de février les salariés à la direction de la maison de champagne Piper-Heidsieck, appartenant au groupe Rémy-Cointreau, a pris une toute autre dimension.

Depuis plus de six mois donc, les employés de l'entreprise demandent à ce que 39 emplois ne soient pas supprimés et que les salaires ne soient pas gelés. Pour appuyer leurs revendications l'ensemble du personnel ouvrier, suivi par un quart des cadres, a décidé la grève totale et le blocage des portes de l'entreprise en pleine période des vendanges. Cette manifestation de leur colère est la juste réponse à une direction qui refuse de revenir sur ces mesures.

Le patron est tout aussi sourd à l'avis de la direction du travail qui, par deux fois, a rejeté le plan dit de « sauvegarde de l'emploi » au regard de la santé financière très satisfaisante de l'entreprise, et du groupe Rémy-Cointreau. Le projet patronal est d'autant plus choquant que la famille Heriard-Dubreuil, actionnaire majoritaire du groupe, affiche une fortune en nette hausse, estimée à un peu plus d'un milliard d'euros !

La grève chez Piper-Heidsieck traduit aussi un climat général dans le secteur du champagne où les maisons cherchent à faire encore plus d'argent sur le dos des travailleurs en multipliant la précarité et la sous-traitance. Au début de l'année, les grandes maisons avaient prétexté une chute de leurs ventes en 2009 pour annoncer, pour les unes des suppressions d'emplois, et pour les autres des gels de salaires. Mais en quelques mois, on assistait à une forte reprise des ventes à l'étranger. De crise, il n'en est donc pas question pour les maisons de champagne dont les profits accumulés n'ont jamais été aussi importants.

La lutte des travailleurs de Piper est vue avec sympathie par l'ensemble des travailleurs du secteur, qui savent qu'ils pourraient tout à fait être confrontés au même problème dans les mois qui viennent. C'est pourquoi ceux de Veuve-Cliquot ont d'ores et déjà décidé de se rendre en délégation soutenir ceux de Piper à l'issue de la manifestation du 23 septembre.

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