Lejaby - Rhône-Alpes - Le siège social occupé : En lutte contre la fermeture de trois usines22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lejaby - Rhône-Alpes - Le siège social occupé : En lutte contre la fermeture de trois usines

Depuis jeudi 16 septembre au soir, plusieurs dizaines d'ouvrières du fabriquant de lingerie Lejaby, qui produit également les marques Rasurel ou Nina Ricci, occupent le siège social de l'entreprise à Rillieux dans la banlieue lyonnaise.

Fin mars, la direction de Lejaby, propriété du groupe autrichien Palmers, annonçait le licenciement de 197 salariés sur 653 et la fermeture dans les six mois des usines de Bourg-en-Bresse et Bellegarde dans l'Ain et du Teil en Ardèche. L'échéance arrive à la fin du mois sans qu'aucune proposition ait été faite aux ouvrières.

Ni les commandes, ni les profits ne sont en baisse, mais la direction veut délocaliser une grande partie de la production en Tunisie et en Asie, uniquement pour diminuer les coûts et augmenter la marge des actionnaires.

La plupart des ouvrières qui vont perdre leur emploi enrichissent Lejaby depuis vingt à trente ans. Beaucoup approchent la cinquantaine et savent qu'elles retrouveront difficilement un emploi. C'est dire leur colère devant la décision de ce groupe, racheté plusieurs fois dans le passé avec à chaque fois des suppressions d'emplois et des mutations à répétition. La dernière en date était en 2003, avec 223 licenciements et la fermeture de quatre sites.

Les ouvrières, qui viennent surtout de Bourg et de Bellegarde, se sont organisées pour rester sur place 24 heures sur 24 jusqu'à la victoire : matelas gonflables pour dormir dans des salles de réunion ou sous des tentes, barbecues et micro-ondes pour la cuisine. Elles ont installé des pancartes où on peut lire : « Nous ne voulons pas être sacrifiées », ou encore « Pas un emploi ne doit disparaître .»

Elles exigeaient au départ le maintien de tous les emplois ou, à défaut, une indemnité supralégale de licenciement de 70 000 euros par personne. Elles ont maintenant transformé leur revendication, exigeant désormais 25 000 euros pour toutes, plus 1 200 euros par année d'ancienneté, ce qui ferait entre 50 et 65 000 euros selon l'ancienneté des unes et des autres.

Les travailleuses de Lejaby ne se font pas d'illusion sur une intervention des pouvoirs publics. Elles rappellent en effet que lors du cirque des « états généraux de l'industrie », voulus par Sarkozy, tous les officiels présents avaient déclaré que « l'habillement, la mode et le luxe étaient des priorités du gouvernement ». Elles vérifient aujourd'hui le fossé qui sépare le discours des actes.

Conscientes que pour faire reculer la direction il faut la toucher au portefeuille, elles empêchent depuis le 20 septembre au matin les camions d'accéder aux entrepôts de Rillieux dans lesquels Lejaby conserve l'essentiel de son stock. Le même jour, les ouvrières de l'usine du Teil se mettaient en grève à leur tour. Plusieurs sont convaincues qu'il faut entraîner dans la grève les salariés de Rillieux (entrepôts, bureaux d'étude, employés du siège). Ces derniers marquent leur soutien aux grévistes mais le meilleur soutien serait de se battre tous ensemble. C'est d'autant plus vrai que, si le site de Rillieux est aujourd'hui épargné, il n'y a aucune garantie pour l'avenir.

Elles espèrent aussi disposer d'un sursis. Le tribunal de grande instance de Lyon, saisi par les syndicats, devait examiner mardi 21 une demande d'annulation de tout le plan social pour vice de procédure : le nouveau propriétaire, Palmers, a attaqué en justice l'ancien, Warnaco, s'estimant lésé lors de la vente, sans en informer les représentants du personnel. Les charognards se disputent entre eux mais ils sont tous d'accord pour supprimer des emplois.

Ces femmes en colère qui refusent d'être jetées comme des Kleenex ont d'ores et déjà trouvé le soutien de la population et des militants syndicaux des entreprises ou des unions locales voisines qui passent les encourager et versent des soutiens, financiers ou... culinaires. Beaucoup citent des exemples d'usines fermées récemment par des actionnaires pleins aux as. En outre, la détermination des grévistes est renforcée par le défilé de journalistes qui semblent, bien à tort, surpris que des femmes soient capables d'organiser l'occupation d'une usine !

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