L'école de moins en moins gratuite22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'école de moins en moins gratuite

Le ministre de l'Éducation Luc Chatel ne semble pas préoccupé de garantir une réelle gratuité dans les écoles et les établissements publics, gratuité dont le principe est énoncé dans le préambule de la Constitution de 1958. On peut ainsi lire que « la Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. » Ou encore que « l'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État. » Mais il y a loin des principes à la réalité.

L'État s'est désengagé progressivement sur les collectivités locales de certaines dépenses si bien que, en 2000, le financement du système éducatif, d'après la principale fédération des parents d'élèves, la FCPE, n'était assuré seulement que pour 63,4% par l'État, pour 20,2% par les collectivités locales, pour 8% par les ménages et pour 6,5% par les entreprises. Ainsi selon la richesse de la commune, l'école maternelle par exemple sera bien équipée ou pas : dans certaines écoles des quartiers populaires, les instituteurs en sont réduits à solliciter les parents même pour avoir des feuilles de dessin dans leur classe.

Même si depuis fort longtemps (depuis la loi de 1881!) les familles ne doivent plus rémunérer l'instituteur, même si depuis les années trente, ne sont plus exigés de frais de scolarité à l'entrée du collège ou du lycée, l'école a un coût. Et pour les parents qui vivent avec le smic et à fortiori pour ceux qui sont au chômage, avec l'aggravation de la crise, ce coût est de plus en plus difficile à supporter. La rentrée scolaire coûte cher, en moyenne 262 euros par enfant, et l'allocation de rentrée scolaire ne permet pas de faire face à toutes les dépenses. Aux fournitures scolaires de rentrée s'ajoutent le coût de la cantine, du transport scolaire qui n'est pas toujours gratuit, des manuels pour les lycéens qui ne sont pas pris en charge totalement dans toutes les régions.

Or on assiste, d'après la FCPE, à une baisse générale des moyens, baisse du budget consacré à l'action sociale de 6 millions d'euros, baisse du budget consacré à l'action santé dans les établissements scolaires de 15 millions d'euros. Et ce, alors que, dans le passé, c'est au travers de l'école que des actions efficaces ont pu être mises en place pour la prévention de maladies, pour la vaccination par exemple. Les crédits alloués aux matériels pédagogiques sont en chute libre également, 13% de crédits en moins pour les écoles. Au collège, ils sont passés de 25 euros par élève l'an dernier à 21,3 euros cette année, au lycée d'enseignement général de 17 euros à 15,7 euros, et au lycée professionnel de 34 euros à 28,7 euros. Or ce sont ces fonds qui permettent d'acheter les manuels scolaires au collège ou d'alimenter les fonds sociaux au collège et au lycée. Alors que la situation de bien des parents est catastrophique, cela rend impossible l'aide aux élèves les plus en difficulté ; il n'est pas rare dans les établissements de cités populaires de rencontrer des élèves qui se retrouvent à dormir dehors parce que la famille a été expulsée ou bien qui ne mangent pas le midi car elle ne peut payer la cantine.

L'égal accès à l'instruction garanti par cette soi-disant gratuité n'a jamais existé, mais les économies que fait l'État par tous les bouts entraînent un véritable retour en arrière.

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