Plan épargne-retraite : Le racket des organismes financiers22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Plan épargne-retraite : Le racket des organismes financiers

La réforme des retraites intéresse beaucoup les organismes financiers, banques et compagnies d'assurances au premier chef, qui veulent lancer leurs fonds de pension.

En 2003, la loi Fillon a créé des produits d'épargne-retraite : le Plan d'épargne-retraite populaire (PERP) et le Plan d'épargne-retraite collectif (Perco). Le premier est souscrit individuellement auprès d'une banque, d'un assureur ou d'une mutuelle. Le second est mis en place par une entreprise qui propose à ses salariés de verser une partie de l'intéressement, de la participation ou du compte épargne-temps sur ce plan d'épargne.

Depuis leur création, les encours de ces « produits d'épargne » ont grossi de façon impressionnante : les PERP sont passés de 490 millions d'euros à 5,3 milliards, les Perco sont passés de 77 millions à trois milliards d'euros. Mais cela n'est pas suffisant pour les organismes financiers. Pour le PERP, deux millions de souscripteurs, c'est bien mais « peut mieux faire », et pour le Perco, 450 000 adhérents, c'est déprimant quand on vise à extorquer un maximum d'argent en spéculant sur l'angoisse de salariés qui voient leur pension de retraite diminuer un peu plus à chaque « réforme ». Pour les représentants des assureurs et des banquiers, il faut développer « une capitalisation à la française ».

Fidèles porte-parole des trusts financiers, plusieurs députés de la majorité, dont Xavier Bertrand, ont déposé des amendements à la loi sur les retraites : il s'agirait d'assouplir le PERP dont le détenteur pourrait retirer une partie du capital lors de son départ en retraite au lieu de se contenter d'une rente viagère ; et pour le Perco, depuis juillet 2010, une mesure a déjà été introduite dans le projet de loi : l'employeur pourra verser automatiquement la moitié de sa participation sur le plan d'épargne d'un salarié de son entreprise, sauf si celui-ci s'y oppose expressément.

Volontaire, ou distrait, ou soumis à des pressions diverses, le salarié pourra ainsi se retrouver à la tête d'un plan d'épargne drainant ses économies vers les marchés financiers et soumis à leurs aléas. Voilà, selon l'amendement, « une affectation automatique mais pas obligatoire (...) qui ne coûterait rien à l'État ni aux entreprises » et qui « permettrait de toucher les cinq millions de salariés qui bénéficient chaque année de la participation ».

On n'est pas plus clair : il s'agit de ratisser au plus large. Tous ceux qui peuvent encore faire un peu d'économies doivent contribuer à augmenter le capital des organismes financiers, pour un complément de retraite que les hasards de la spéculation pourraient bien réduire à néant.

Le gouvernement, qui fait semblant de vouloir défendre la retraite par répartition, ne fait pas vraiment de publicité sur ce type d'amendements. Et pour cause : c'est un racket de plus.

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