Technicentre SNCF - Oullins (Rhône) Désamiantage : Les cheminots refusent de se laisser empoisonner22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Technicentre SNCF - Oullins (Rhône) Désamiantage : Les cheminots refusent de se laisser empoisonner

Depuis l'été dernier, la direction de la SNCF a entrepris de faire désamianter le bâtiment 8 du Technicentre d'Oullins. En effet, la poussière déposée sur les machines, les ponts, les poutrelles métalliques contient de l'amiante.

Ce n'est pas un problème nouveau à Oullins : le bâtiment 8 est loin d'être le seul à être contaminé par ce poison, qui a été utilisé pendant des dizaines d'années tant sur les bâtiments que sur de multiples pièces des locomotives entretenues dans ces ateliers.

L'entreprise spécialisée chargée du désamiantage, la SNEF, a donc commencé par confiner certains secteurs du bâtiment 8. Mais une trentaine de soudeurs et chaudronniers ont continué à travailler dans les autres secteurs. C'est alors que des employés de la SNEF se sont rendu compte de la présence de poussière, elle aussi polluée, entre deux couches de voliges (planches de bois) masquant les tuiles du toit, à une dizaine de mètres de hauteur.

Dernièrement, des prélèvements d'air ont montré que les fibres d'amiante ne restaient pas enfermées entre les planches du plafond. C'est pourquoi, le 14 septembre les cheminots du bâtiment 8 se sont réunis, et ont décidé de quitter les lieux, en prévenant les membres du CHSCT. « On n'est pas là pour mourir », disaient-ils. Un droit de retrait a alors été déposé.

Le directeur d'établissement, nouvellement arrivé à Oullins, a joué celui qui n'est pas au courant de tout, fait celui qui comprenait les inquiétudes des compagnons, se demandant benoîtement s'il ne vaudrait pas mieux détruire ces bâtiments anciens, mais aussi laissant entendre que l'entreprise de désamiantage aurait peut-être elle-même pollué les secteurs qu'elle n'avait pas encore confinés. En attendant, devant la colère des cheminots, il a immédiatement accepté de les faire répartir dans d'autres ateliers.

Depuis plusieurs années, tous les ans, on compte au moins un cheminot, actif ou retraité, qui est tué par l'amiante. Pourtant, la direction de la SNCF continue de traîner les pieds pour entretenir et faire nettoyer ses bâtiments industriels. C'est l'émotion soulevée à chaque annonce d'un nouveau décès qui la pousse à agir. Mais, quand elle le fait, c'est toujours à moindre coût et les soucis d'économies de la direction s'agissant des risques de l'amiante sont criminels.

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