Discrimination dans le montant des retraites : Le temps des colonies n'est pas fini08/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2175.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Discrimination dans le montant des retraites : Le temps des colonies n'est pas fini

Le secrétaire d'État aux Anciens combattants, Hubert Falco, promet de décerner un « diplôme d'honneur » aux survivants de la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est pas ce que veulent quelque 12 000 anciens militaires et 20 000 veuves originaires des anciennes colonies françaises, qui continuent de réclamer que leurs retraites ou leurs pensions de réversion soient alignées sur celles des Français.

Ainsi, lorsqu'un ancien sergent français touche 626 euros par mois, ce qui n'est déjà pas lourd, un Djiboutien ne perçoit que 273 euros, un Sénégalais 223, et un Marocain 53 seulement. Et encore, pour injuste qu'elle soit, cette disparité de traitement s'est-elle amoindrie suite à l'action menée devant différentes cours de justice par des combattants des anciennes colonies.

Alors que les retraites des militaires français, même si elles sont faibles, était indexées sur le coût de la vie, la loi de 1959 avait « cristallisé », c'est-à-dire gelé, celles des soldats originaires des colonies, leur versant des pensions allant de 3 à 30 % de celles de leurs homologues français, selon le pays d'origine. En 2002, suite à un jugement déclarant qu'une telle discrimination était contraire aux droits de l'homme, le gouvernement Jospin avait procédé à une « décristallisation » partielle des pensions, en fonction du pouvoir d'achat dans le pays de résidence.

Après la diffusion du film Indigènes en 2006, Chirac avait à son tour déclaré son « émotion » devant cette injustice et annoncé sa « détermination à accélérer un certain nombre de mesures d'égalité ». L'année suivante, soit 62 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, certaines pensions, dites « de sang », ont enfin été alignées sur celles versées aux Français : la retraite du combattant (environ 500 euros par an !) et les pensions militaires d'invalidité. « Pas de quoi faire construire dans le village », dit un Sénégalais qui touche l'équivalent de 265 euros par semestre, « juste de quoi rembourser quelques dettes et acheter des produits de première nécessité comme le riz, le savon ou le café .»

Rien n'a changé par contre pour les autres militaires étrangers, ni pour les veuves ou veufs de fonctionnaires français, dont la pension de réversion est toujours « cristallisée » parce qu'ils sont d'une autre nationalité. En revanche, l'État verse une prime « d'expatriation », en plus du salaire à taux plein, aux fonctionnaires français qui vont travailler dans les ex-colonies !

Pour les « indigènes de la République », les harkis ou les veuves de fonctionnaires, il n'y a ni justice ni reconnaissance à attendre de la part des représentants de cet État français.

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