Groupe Trèves : Aides de l'État... pour mieux licencier08/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2175.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Trèves : Aides de l'État... pour mieux licencier

Le groupe Trèves, sous-traitant automobile depuis des dizaines d'années, est un groupe français dirigé par le patron du même nom, qui a 2 000 salariés en France et 6 000 en tout dans le monde. Il n'a malheureusement pas sévi qu'à Crépy-en-Valois. Depuis le début 2009 l'usine d'Ay, dans la Marne, avec ses 129 salariés, est elle aussi promise à la fermeture et le groupe a annoncé en plus vouloir obtenir 600 « départs volontaires » dans ses autres usines.

Les salariés de PTPM à Ay se battent avec acharnement depuis plus d'un an et ont obtenu à plusieurs reprises l'annulation par les tribunaux du plan de fermeture. Tout le monde, la justice compris, trouve indigne qu'un groupe qui a reçu 55 millions d'aides du gouvernement en février 2009 se précipite pour fermer ses usines, alors qu'il a des marchés réservés auprès des constructeurs automobiles en France. Les syndicats avaient lancé à cette occasion une pétition pour protester contre le détournement des fonds publics, pétition qui avait recueilli 2 500 signatures.

Le 14 octobre dernier à Bercy, un des membres du cabinet du ministre de l'Industrie, dans une réunion avec des responsables syndicaux, a lâché le morceau. Ce nouveau responsable ministériel, Hervé Guyot, vient directement de l'état-major de PSA, où il occupait des responsabilités dans la branche financière du groupe. Il a été nommé par le gouvernement pour siéger avec d'autres à la direction du Fonds stratégique d'investissement, fonds d'État qui a 20 milliards d'euros à distribuer aux entreprises. Il a piloté la mise sur pied avec PSA et Renault d'un fonds spécifique, le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, FMEA, qui se fixe comme objectif de rendre « plus compétitifs » les sous-traitants des deux groupes.

Hervé Guyot a donc froidement révélé ce jour-là que l'aide de 55 millions d'euros donnée par le FMEA aux actionnaires du groupe Trèves sous forme de capital avait été conditionnée à la réalisation d'un plan de restructuration, qui comprenait bien la fermeture des deux usines de Crépy et d'Ay et la suppression d'une grande partie des fabrications en France. En fait les constructeurs, Peugeot et Renault, exigent des baisses très importantes des prix des fournitures de leurs sous-traitants. L'accord était donc que Trèves prenait l'argent, mais s'arrangeait pour satisfaire ses donneurs d'ordres. Il s'agit donc, tout en fournissant une aide financière au patron de Trèves, de délocaliser vers des pays à plus bas salaires, de fournir du matériel à plus bas coût aux deux groupes, pour leur permettre d'augmenter leurs marges et leurs profits en produisant autant ou même moins de voitures qui leur reviendraient moins cher. Voilà à quoi sert l'argent public, à détruire des emplois et non à les préserver.

Hervé Guyot est bien en réalité toujours au service de ses patrons, la famille Peugeot, sa place au ministère de l'Industrie n'est que la continuation de la même mission, avec simplement d'autres moyens, plus élargis. Pour les grands patrons, le personnel de l'État et du gouvernement, les ministres et même le président font partie de leur domesticité. C'est bien pourquoi Estrosi s'est senti obligé de protester le 2 avril avec véhémence contre ces ouvriers de Sodimatex qui osaient remettre en cause ces arrangements si bien ficelés entre patrons, sous bénédiction gouvernementale.

Partager