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Afrique du Sud : L'apartheid est encore là
En Afrique du Sud, Eugène Terreblanche, fondateur et principal dirigeant du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), organisation d'extrême droite raciste pro-apartheid, a été tué le 3 avril dans sa ferme, près de Johannesburg, par deux de ses ouvriers agricoles noirs à qui il refusait de payer leurs salaires (de 300 rands, soit 30 euros chacun).
Mardi 6 avril, devant le tribunal où les deux accusés doivent être conduits, une bagarre a opposé des partisans de l'AWB qui s'y étaient rassemblés à des Noirs arborant les couleurs de l'ANC. La police s'est interposée pour séparer les deux groupes. Le président, Jacob Zuma a appelé à « cesser les appels au combat » et a demandé aux leaders des différentes organisations politiques de « favoriser l'unité du pays ».
Fondé en 1973, l'AWB reprochait à l'époque au régime d'apartheid de faire trop de concessions aux Noirs. Dans les années 1990, pour s'opposer aux négociations qui allaient aboutir à la fin du régime d'apartheid, il fut à l'origine d'assassinats et d'attentats à la bombe. À cette époque, l'organisation revendiquait plusieurs dizaines de milliers de membres. Depuis, son influence se serait beaucoup réduite : elle revendiquait 5 000 adhérents en 2008, et obtenait moins de 1 % des voix aux législatives de 2009.
En 2001, Eugène Terreblanche a été condamné pour tentative de meurtre, après avoir battu à coups de barre de fer un de ses ex-employés noir. Ce n'était pas la première fois qu'il était inculpé à la suite de violences exercées sur ceux-ci. Condamné à cinq ans de prison, il bénéficia en 2005 d'une mesure de liberté conditionnelle « pour bonne conduite ».
Si l'apartheid officiel a effectivement disparu dans la loi en 1994, seize ans après cela ne s'est pas traduit par l'amélioration du sort et de la situation pour l'immense majorité de la population noire. C'est vrai dans les campagnes comme dans les villes. Les promesses de la réforme agraire du gouvernement de Mandela (30 % des terres devraient avoir été transférées ou restituées - en fait vendues - à des propriétaires noirs d'ici à 2014) ne sont pas tenues. Moins de 5 % des terres ont effectivement changé de mains. Les bonnes terres sont restées, pour l'essentiel, la propriété de la minorité blanche, qui continue à régner comme par le passé, et souvent avec les méthodes du passé, sur des centaines d'ouvriers agricoles noirs pauvres. D'où une situation explosive qui s'est traduite, entre 1997 et 2007, par le meurtre de 1 250 fermiers blancs. Eugène Terreblanche n'est donc que le dernier en date...