Sodimatex-groupe Trèves - Crépy-en-Valois (Oise) : Les travailleurs face aux agressions des patrons et du gouvernement08/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2175.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sodimatex-groupe Trèves - Crépy-en-Valois (Oise) : Les travailleurs face aux agressions des patrons et du gouvernement

Jeudi 1er avril, les 98 salariés de l'usine Sodimatex-Trèves, à Crépy-en-Valois dans l'Oise, faisaient la une des télévisions. Réfugiés dans leur usine, après l'agression dont ils avaient été victimes de la part des gardes mobiles et CRS envoyés par le préfet lors de leur manifestation, ils menaçaient, si on ne prenait pas enfin en charge leurs revendications, de faire sauter le réservoir de gaz situé à l'intérieur de l'usine.

Cela fait un an, depuis l'annonce de la fermeture de leur usine, que les travailleurs de Crépy essayent de faire respecter leurs droits, faisant face à la coalition permanente de leur patron et du gouvernement. Début 2009, le gouvernement faisait attribuer par le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, le FMEA, 55 millions d'euros de liquidités au patron du groupe. L'octroi de cette aide s'accompagnait d'un plan de restructuration devant entraîner des centaines de licenciements dans tout le groupe.

Les tribunaux ont systématiquement annulé les procédures engagées par la direction du groupe en vue d'obtenir la fermeture. En octobre 2009, les salariés occupaient le siège du groupe à Paris, la seule initiative du gouvernement étant de menacer les salariés d'être délogés par la force. En janvier 2010, la cour d'appel d'Amiens confirmait une nouvelle fois l'illégalité des nouvelles procédures engagées. La direction du groupe tentait alors de démoraliser les salariés en les laissant sans activité tout en étant payés, ou en jetant ostensiblement à la poubelle la production réalisée dans l'usine.

Ce que demandaient les travailleurs se limitait pourtant à 21 000 euros de prime extra-légale et un congé de reclassement de neuf mois. Mais le groupe préférait dépenser plus en faisant la démonstration arrogante qu'il ferait plier les salariés. Pour finir, la direction faisait savoir que, le groupe étant divisé en différentes sociétés, elle se préparait à déposer le bilan de Sodimatex, ce qui lui permettrait de se débarrasser des salariés sans rien payer. C'est à la suite de cela que les salariés décidèrent d'organiser une manifestation à un carrefour de Crépy.

Le nouveau préfet de l'Oise, le même qui a sévi en Guadeloupe lors de la grève générale, décidait alors d'envoyer des dizaines de gardes mobiles et CRS pour matraquer et gazer ces ouvriers qui avaient l'impudence de manifester pour demander qu'on fasse respecter les décisions de justice et qu'on mette fin au chantage de leur patron !

La colère des travailleurs a tout de même entraîné un changement dans l'attitude des pouvoirs publics. Le préfet matraqueur s'est transformé soudain en médiateur, convoquant la direction du groupe à Crépy pour désamorcer la tension. À l'issue des premières discussions, conclues le 3 avril à 4 heures du matin, la seule avancée concernait le congé de reclassement, porté à huit mois au lieu de quatre jusque-là. Les discussions devaient reprendre le 7 avril pour le montant des primes.

Les travailleurs doivent se battre contre des patrons voyous, mais l'État, lui, fournit à ceux-ci les hommes de main et l'argent.

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