Si les cloches sont allées à Rome pour Pâques, elles ont dû fortement tinter aux oreilles du pape. En effet, des États-Unis à l'Allemagne en passant par l'Irlande, désormais des milliers de plaintes pour abus sexuels sont en cours concernant des centaines de prêtres catholiques.

Un certain nombre de ces plaintes ont abouti, au point que cinq diocèses américains ont dû se déclarer en faillite car ils ne pouvaient pas payer les amendes infligées à leurs curés, que l'Église d'Irlande tout entière est ébranlée, que les autorités publiques demandent des comptes à l'Église allemande. L'Église de France n'est pas absente de ce triste palmarès puisque une douzaine de cas semblables apparaissent chaque année.

La vague de scandales atteint le pape à double titre. D'une part parce qu'un certain nombre viennent de l'évêché de Bavière qu'il a dirigé lui-même. D'autre part et surtout parce que, avant d'être pape, Ratzinger dirigeait l'organisme chargé de faire la police à l'intérieur de l'Église. À ce titre il a eu à connaître vingt années durant de toutes ces sombres affaires de curés pédophiles ; et surtout de la façon dont l'Église les cachait, se bornant à déplacer les prêtres soupçonnés ou coupables d'abuser des jeunes qui leur étaient confiés, demandant le silence des victimes et de leur famille, bref étouffant les affaires, au risque de les voir se reproduire.

Car le scandale est bien là. L'Église catholique, qui s'érige depuis des siècles en donneuse universelle de leçons de morale, ne veut pas qu'on mette le nez dans ses affaires, même lorsqu'elles sont délictueuses. Le pape peut bien aujourd'hui condamner la pédophilie et écrire une lettre aux évêques irlandais pour les aider à se tirer de ce mauvais pas. Comme tous les hauts responsables du Vatican, il savait, mais il a respecté la loi du silence.

Qui plus est, devant l'avalanche des révélations, la hiérarchie catholique dénonce désormais un complot contre le pape, une campagne visant à déstabiliser l'institution, à salir l'Église catholique.

Allons donc, l'Église catholique, apostolique et romaine est bien assez vieille, coupable de bien assez de crimes, pour se salir toute seule.