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Leur société
Plan banlieue : Un flop attendu
Quatre ans après les émeutes dans certaines cités de la région parisienne et presque deux ans après l'annonce d'une série de mesures que Sarkozy n'avait pas hésité, avec son sens habituel de la mesure, à comparer au plan Marshall de reconstruction de l'Europe après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, un premier bilan du plan Espoir banlieue vient d'être fait.
La secrétaire d'État à la Ville Fadela Amara y trouve quelques résultats encourageants. Elle fait référence en particulier aux « internats d'excellence », dont le nombre devrait augmenter dans le cadre des dépenses liées au grand emprunt. Mais extraire quelques élèves brillants des cités populaires pour en faire des cadres dans cette société injuste, en quoi est-ce une perspective pour la masse de la jeunesse des quartiers livrée au chômage ?
En février 2008, Sarkozy avait annoncé que 53 entreprises s'étaient engagées à embaucher 11 000 jeunes rien que cette année-là. Mais, indépendamment même des subventions d'État probablement encaissées sous forme d'exonérations d'impôts et de cotisations sociales, combien de ces emplois promis ont-ils perduré, ou même vu le jour ? La grande innovation était alors les « contrats d'autonomie » passés entre un jeune et un organisme de formation. Ces contrats devaient atteindre le chiffre de 45 000, au point de diviser par deux le chômage des jeunes en banlieue.
Fadela Amara déclarait ainsi avec mépris lutter contre « la glandouille ». Mais ces formations se sont souvent réduites à apprendre à rédiger un CV et une lettre de motivation. Sur les 5 000 jeunes en tout passés par ce coaching, à peine un tiers ont obtenu d'entrer ne serait-ce que dans une vraie formation à un métier, ou le début d'un contrat de travail, même précaire. Par contre, des sociétés privées ont largement bénéficié des 40 millions d'euros débloqués pour ce programme, comme Ingeus dans l'Essonne qui, bien que n'ayant trouvé du travail qu'à peine à un cinquième des jeunes passés entre ses mains, a touché jusqu'à 9 000 euros par coaching.
Dès le départ, ce énième « plan banlieue » avec ses mesures bidon a concentré toutes les tares de ses prédécesseurs. Le gouvernement très vite a effacé ses promesses orales de consacrer près d'un milliard d'euros à ces mesures, et chaque ministre s'est évertué à détourner les quelques aspects positifs. Ainsi, sur les quarante-trois centres de santé et de soins annoncés, trois seulement ont été créés en banlieue.
Comment un gouvernement qui consacre l'argent de l'État au financement du patronat et taille dans les financements des services publics à la population pourrait-il régler ou ne serait-ce que diminuer le chômage et la précarité des jeunes des banlieues, qui dépassent les 40 % ? Ceux-ci ne sont que le symptôme aggravé du sort de tout le monde du travail, relégué dans des quartiers de plus en plus délabrés, subissant de plein fouet les licenciements et la montée de la pauvreté... du fait de la politique de ce même gouvernement.