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- Lutte ouvrière n°2156
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Dans les entreprises
La Poste - Services financiers - Ile-de-France : Trop c'est trop
Comme ailleurs à La Poste, aux services financiers les restructurations sont sans fin. Un nouveau chamboulement vise à faire basculer certaines activités dans plusieurs centres de province, dans le cadre d'une réorganisation nationale de tout ce qu'on appelait il y a peu, les chèques postaux. La direction tait son objectif chiffré de suppressions d'emplois, alors que c'est bien sûr son but principal.
Lorsque, début novembre, les syndicats ont appelé ensemble à des heures d'information, près de 300 employés sont venus aux nouvelles, inquiets de l'avenir. Ces assemblées ont été suivies d'une délégation massive chez le chef de centre, où s'est exprimé tout simplement le ras-le-bol des restructurations : le personnel voudrait pouvoir poser ses valises. Ce directeur, qui a cru pouvoir nous menacer alors du retrait d'un jour de salaire, s'est fait copieusement huer : il y avait de l'ambiance...
Il y en a assez des déplacements, des objectifs chiffrés, des pressions pour nous « booster » dans les services clientèle, des clients mécontents sans arrêt au téléphone, des licenciements de collègues CDD, après qu'ils ont bouché tant bien que mal quelques trous...
Malgré la crise, La Banque Postale, donneur d'ordre, explose ses chiffres. On veut nous faire accepter en même temps les hausses de trafic et les suppressions d'emplois. Et tout cela sur fond de privatisation de La Poste, où chacun se demande à quelle nouvelle sauce on va encore nous manger.
Avec ses objectifs de productivité pour « faire aussi bien que les banques », la direction a généralisé les mêmes méthodes dans tous les services, services production comme services clients. Ce faisant elle a généralisé le mécontentement.
En allant l'exprimer nombreux, tous services confondus, cela nous a confortés dans l'idée que c'était possible de réagir collectivement, et de se défendre face aux pressions continuelles.
À la gamelle ?
Sauf la CGT, tous les syndicats, SUD en tête, ont choisi de signer l'accord portant le nouveau projet de réorganisation des services financiers de La Poste, alors que celui-ci venait de faire l'unanimité du personnel contre lui.
Dans ce projet, la direction n'ose même pas avouer quels sont ses objectifs chiffrés de suppressions d'emplois. Elle demande juste l'aval des syndicats pour les réorganisations prévues, et qui pourraient « également être étendues à d'éventuelles autres réorganisations, non connues à ce jour, qui pourraient intervenir d'ici fin 2010 »...
Non seulement les syndicats signataires acceptent ainsi à l'avance toutes les attaques que le personnel ne veut plus subir, mais ils cautionnent à l'avance tous les licenciements réels ou déguisés voulus par les dirigeants.
SUD avait justifié à l'avance sa signature sous prétexte de pouvoir participer aux commissions de suivi. Son responsable, un des principaux porte-parole de SUD-PTT, a fait le tour de ses militants sceptiques, pour les convaincre du bien-fondé de cette signature. Comme quoi on peut jouer les syndicats radicaux, parler même de grève illimitée jusqu'à satisfaction, il est vrai de façon complètement artificielle, et s'aplatir devant la direction dans l'espoir d'un peu de « grain à moudre ».