Affaire EADS : Aux accusés... les poches pleines25/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2156.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire EADS : Aux accusés... les poches pleines

Le procès des dirigeants du groupe EADS, mis en cause pour délits d'initiés par l'Autorité des marchés financiers, l'AMF, a démarré lundi 23 novembre à huis clos dans une salle du palais Brongniart, l'ancienne Bourse des valeurs de Paris. En 2006 en effet, l'AMF lançait une enquête mettant en cause dix-sept dirigeants d'EADS et d'Airbus ainsi que les deux principaux actionnaires d'EADS, Daimler et Lagardère.

L'AMF les accusait d'avoir caché des informations, leur permettant de vendre leurs actions avant que la révélation du retard de la construction de l'A380 n'entraîne leur baisse.

Ceux-ci, au courant des déboires de l'A380, pouvaient ainsi, en vendant leurs actions alors que leur cours étaient au plus haut, faire une belle plus-value : un gain de 5 millions d'euros pour Noël Forgeard, alors co-président d'EADS, 400 millions pour Arnaud Lagardère.

Evidemment, tout ce beau monde affirmait, la main sur le coeur, n'avoir jamais été au courant des retards industriels de l'A380. Et ce alors que Lagardère était tout de même le principal actionnaire français privé du groupe EADS, groupe détenant Airbus à 80 %, et le principal dirigeant du conseil d'administration. Ajoutons que l'État est un des principaux actionnaires d'EADS, avec les actionnaires privés français et allemands. Les dirigeants d'EADS et d'Airbus sont nommés avec l'accord du gouvernement. Bref, les liens entre EADS et les organismes étatiques sont nombreux. Il est donc difficile de croire que ces gens là n'étaient pas au courant des problèmes d'Airbus.

Dans un article intitulé La vérité... sur le dégonflement de l'affaire EADS daté du 24 septembre 2009, le journal Challenge, qu'on ne peut pourtant pas soupçonner de diffuser des idées subversives, émettait des doutes sur l'intégrité de l'enquête menée par l'AMF. En effet, en juillet dernier, un certain Antoine Courtault, un représentant de la commission des sanctions de l'AMF, remettait un second rapport dans lequel, ô miracle, les deux tiers des accusations étaient rejetées, mettant ainsi hors de cause Daimler et Lagardère et dix des dix-sept dirigeants accusés.

Même si, finalement, tous seront auditionnées par la commission de sanction durant la semaine du 23 au 27 novembre, le moins qu'on puisse dire est qu'ils bénéficient de multiples soutiens politiques, en plus d'un bataillon de cinquante avocats. Un des accusés, le patron d'Airbus Thomas Enders, a déclaré d'ailleurs d'une manière assez cynique : « Nous avons de bons avocats, nous avons le plein soutien de Louis (Louis Gallois, le patron actuel du groupe EADS, maison mère d'Airbus) et du conseil d'administration. Je ne m'inquiète pas beaucoup pour ça. »

Pourquoi s'inquiéterait-il, en effet ? Quelle que soit l'issue de verdict, il est bien peu probable que les accusés se retrouvent sur la paille. Contrairement aux milliers de travailleurs licenciés en 2008, ce qui permit à Airbus de réaliser 1,3 milliard d'économies et un bénéfice net de 1,79 milliard d'euros, soit 63 % du bénéfice d'EADS !

Partager