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- Lutte ouvrière n°2156
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Leur société
Régions : « folie fiscale »... mais de qui ?
Recevant des maires le 20 novembre, Sarkozy a pointé du doigt les Conseils régionaux, leur reprochant d'être trop dépensiers et oubliant que les régions héritent des charges que l'État leur a transférées.
Sarkozy avait laissé à ses ministres le soin de s'expliquer au congrès des maires, notamment sur la fin de la taxe professionnelle qui amputera considérablement le budget des collectivités locales pour faire un nouveau cadeau au patronat. Cependant, sitôt le rendez-vous annuel des maires terminé, quelque 700 d'entre eux ont été invités à l'Élysée. Le chef de l'État s'est montré flatteur pour les communes : « Vous ne devez pas être les oubliés de la France du XXIe siècle », a-t-il déclaré.
De fait, les communes ne sont nullement oubliées... dans les coupes claires que l'État demande d'opérer dans les budgets des collectivités, aux dépens des emplois et des services rendus à la population. « J'ai promis que je ne remplacerai pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mais si les collectivités en créent un de plus sur deux, comment s'en sortir ? », a lancé Sarkozy, fustigeant au passage « la folie fiscale qui s'est emparée d'un certain nombre de régions ». C'était une façon de commencer la campagne électorale de mars prochain, alors que les 26 régions sont, à deux exceptions près (l'Alsace et la Corse), présidées par la gauche.
Le chef de l'État s'est gardé de préciser que si les régions ont été « budgétivores » ces dernières années, c'est que l'État s'est déchargé sur elles de nombre de dépenses. L'entretien des lycées, le payement du personnel d'accueil, d'entretien et de cantine, font désormais partie des « compétences obligatoires » des régions, pour un coût moyen de 88,32 euros par habitant en 2008, de même que le transport express régional pour 44,13 euros par habitant. D'autres dépenses, sans être obligatoires, ont de fait été transférées aux régions, comme une part des investissements pour les lignes TGV et la rénovation des gares (28,83 euros par habitant).
Alors, dans quels domaines Sarkozy voudrait-il que les régions rognent ? Faut-il qu'elles rognent sur les aides au logement et la politique de la ville (7,31 euros par habitant), sur la santé et l'action sociale (2,51 euros), sur le soutien aux associations ou aux initiatives locales (15,20 euros) ? En tout cas pour Sarkozy ce n'est certainement pas sur les aides au patronat. Les « aides aux entreprises » font partie des « compétences obligatoires » des régions. Elles se chiffrent à 18,51 euros par habitant auxquels s'ajoutent des cadeaux au titre de la formation professionnelle, de l'apprentissage, de l'innovation, etc. Au niveau des communes, de leurs groupements en communautés, des départements ou des régions, tout comme au niveau de l'État, les dépenses parmi les plus utiles aux milieux populaires sont dans le collimateur de ce gouvernement.