Assistance publique - Hôpitaux de Paris : Les menaces sur l'hôpital public se concrétisent25/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2156.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Assistance publique - Hôpitaux de Paris : Les menaces sur l'hôpital public se concrétisent

Le 20 novembre, le directeur de l'AP-HP, l'ensemble regroupant 37 hôpitaux de Paris et de la banlieue ainsi que 676 services cliniques, a annoncé à l'occasion d'un Comité technique d'établissement la manière dont se traduira la politique gouvernementale pour les hôpitaux du groupe, son personnel et la population.

90 à 100 millions d'euros devront, d'après lui, être économisés chaque année de 2010 à 2014, afin de « rétablir la situation ». Cela signifiera la suppression de mille emplois par an, sur les 90 000 emplois de l'AP. Ces suppressions s'ajouteraient aux 3 400 postes déjà effacés des budgets et... manquants.

Quelques jours plus tôt, les professeurs Coriat, de la Pitié-Salpêtrière, Aigrain de Necker et Bensman de Trousseau, trois grands hôpitaux parisiens, avaient menacé de démissionner de leurs responsabilités administratives - les deux premiers étant président et vice-président de la Commission médicale d'établissement qui représente les autorités médicales de l'AP-HP. Ils dénonçaient par avance la suppression de 1 150 postes de soignants en 2010, dont 150 médecins.

Le professeur Coriat, chef du service d'anesthésie-réanimation, a d'ailleurs pointé du doigt la manoeuvre du ministère. Pour calculer le budget de l'hôpital, celui-ci en a sous-estimé l'activité, afin de réduire le personnel ; cela conduira forcément à une diminution réelle de l'activité - l'ensemble du personnel des hôpitaux étant déjà soumis à des « cadences » intenables -, puis à une baisse des rentrées d'argent, qui débouchera sur une nouvelle réduction des effectifs.

Le professeur Bensman, chef du service de néphrologie pédiatrique à l'hôpital Trousseau, qui se déclare « dans six mois à la retraite » et donc peu susceptible de défendre d'éventuels pouvoirs de « mandarin », constate, dans sa lettre de démission de ses fonctions administratives, que « la plupart des services de spécialités pédiatriques n'ont plus les lits nécessaires pour faire leur travail et répondre aux demandes de leurs correspondants. Le personnel paramédical a été réduit à un niveau tel que la prise en charge psychosociale est devenue médiocre. Les traitements et la sécurité des enfants, dont beaucoup ont une maladie mortelle, ne sont plus assurés dans de bonnes conditions. Des nourrissons ne sont pas changés et ne mangent pas à l'heure ! Aucune concertation n'existe avec les chefs de service et les médecins en général. Nous sommes tous en permanence mis devant le fait accompli. »

Ce constat, le même que font quotidiennement les membres du personnel, soignants ou non, remet à sa juste place le discours du directeur de l'AP et de la ministre Bachelot, lorsqu'ils pérorent sur les « vigoureuses réorganisations structurelles » qui regrouperaient les hôpitaux existants en douze nouveaux groupes hospitaliers qui permettraient de favoriser « la complémentarité » entre sites, « la mise en place de filières de soins complètes et fluides », « d'assurer une prise en charge des patients de haute qualité au meilleur coût ».

Ce verbiage n'est là que pour cacher les conséquences d'une politique qui aboutit à la dégradation dramatique des soins, d'une part, des conditions de travail du personnel, d'autre part, et à laquelle il est urgent de mettre un coup d'arrêt.

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