Éducation nationale : Une rentrée au rabais09/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2145.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : Une rentrée au rabais

Avec 13 500 postes en moins au 1er septembre, la rentrée scolaire des douze millions d'élèves ne pouvait pas se dérouler sans problèmes. Pourtant les ministres qui se sont succédé à l'Éducation nationale ont tout tenté pour réduire les besoins en personnel, afin que les coupes dans les effectifs - près de 35 000 emplois supprimés en trois ans - se remarquent le moins possible.

Mais on peut pour cela dépouiller les Rased (Réseau d'aide aux élèves en difficulté), supprimer une matinée d'école, faire maigrir les programmes, raréfier les dédoublements, élaguer les options, transformer les examens en épreuves organisées par les enseignants pendant l'année scolaire, imposer un cursus de bac professionnel en trois ans au lieu de quatre et mettre « l'aide individualisée » à toutes les sauces ; il n'empêche, cela se voit.

Des classes supprimées pendant les vacances, dans le primaire ou en collège, cela ne passe pas inaperçu et a entraîné des mouvements de parents d'élèves ou d'enseignants, comme au collège Doisneau à Paris 20e. Des postes d'enseignants, de surveillants, de conseillers d'éducation non pourvus, cela perturbe quelque peu. Des élèves sans place dans des lycées parisiens, cela fait désordre : les classes de seconde du lycée Concorcet, par exemple, sont bourrées à 39 élèves. Il se trouve que le ministère avait à tort misé sur une baisse des effectifs de lycéens : non seulement c'est l'inverse, mais des parents ont retiré leurs enfants des établissements privés pour chercher à les inscrire dans les lycées publics, en partie sans doute pour des raisons d'économie.

Il existe aussi des collèges sans infirmière, comme celui de Colombes dans les Hauts-de-Seine, où les enseignants ont déjà dû faire grève, voyant que la situation de l'année précédente se reproduisait. À la maternelle, ce n'est pas mieux, l'accueil des tout-petits, avant trois ans, n'étant pas calculé par le ministère dans l'attribution des postes d'enseignants, bien des parents n'ont pu trouver de place pour leur enfant et doivent envisager des solutions très coûteuses, du type assistante maternelle, ou recourir à l'aide des grands-parents.

Le gouvernement continue de claironner que le budget de l'Éducation ne diminue pas, qu'il reste le premier du pays. Mais d'abord c'est sans doute la moindre des choses, ensuite il demeure qu'un quart des enfants en deuxième classe de primaire est en difficulté, selon les évaluations, et que, selon les tests réalisés pendant la journée nationale de « préparation à la défense », un jeune sur dix rencontre encore des obstacles en lecture. Quant aux inégalités sociales, elles perdurent, évidemment : les enfants de cadres ont huit fois plus de chances d'obtenir un bac scientifique que les enfants d'ouvriers, et sont trois fois plus nombreux à entrer à l'université.

Les suppressions d'emplois à grande échelle et les prétendues réformes de l'école, dont le seul but est de réaliser des économies tous azimuts, montrent tout simplement le mépris profond de ceux qui nous gouvernent pour des millions d'enfants et d'adolescents qui ne rapportent ni voix ni dividendes.

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