Soudan : Emprisonnée pour avoir mis un pantalon09/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2145.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Soudan : Emprisonnée pour avoir mis un pantalon

Le 7 septembre à Khartoum, la capitale du Soudan, Loubna Ahmed al-Hussein a été condamnée à 200 dollars d'amende ou un mois de prison pour « avoir porté une tenue indécente », c'est-à-dire en fait un pantalon.

C'est uniquement parce que cette femme courageuse a eu accès aux médias internationaux et que son cas est désormais connu du monde entier qu'elle a échappé aux quarante coups de fouet prévus par la loi. Ce qui n'a pas été le cas de dix des douze femmes arrêtées avec elle.

Loubna Ahmed al-Hussein, qui milite pour l'abrogation de cette loi rétrograde, instaurée en 1991 par la dictature militaire et religieuse toujours au pouvoir, a refusé de payer et a donc été conduite en prison. Elle veut faire de son procès et de son emprisonnement un symbole de ces 43 000 femmes arrêtées pour « tenue indécente » dans la région de Khartoum depuis que la loi est en vigueur.

Loubna a été accompagnée devant le tribunal par des dizaines de manifestantes parmi lesquelles la police a procédé à 43 nouvelles arrestations. Elle est finalement sortie de prison le lendemain après que le syndicat des journalistes eut payé son amende, ce qu'elle n'avait pas demandé. À sa sortie Loubna a déclaré : « Je ne suis pas contente parce qu'il y a plus de 700 femmes encore en prison et qu'il n'y a personne pour payer leur amende ».

Dans son combat Loubna a reçu le soutien de tous ceux qui soutiennent le droit des femmes. Quant à celui des autorités françaises, il a été très mesuré, surtout au regard des déclarations féministes enflammées de Sarkozy pendant sa campagne électorale qui promettait d'accueillir toute femme en butte à l'oppression. Dans ce cas, il a simplement assuré Loubna de son soutien... à l'occasion d'une réponse à une question posée par Marie-George Buffet. Le ministère des Affaires étrangères s'est borné à un communiqué pondéré et à l'envoi d'un observateur au procès.

Il est vrai qu'actuellement, entre la France et le Soudan, les discussions portent sur des choses beaucoup plus sérieuses que la liberté des femmes soudanaises : la possibilité pour Total de reprendre ses recherches pétrolières dans ce pays. On ne va pas troubler des négociations si importantes pour une simple histoire de pantalon.

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