Les deux derniers soldats français morts en Afghanistan ont été rapatriés discrètement mardi 8 septembre. Ils avaient été touchés par l'explosion d'un véhicule piégé. 31 soldats français ont ainsi trouvé la mort depuis l'engagement de la France dans ce bourbier en 2001. Mais ces morts inutiles n'entament pas la volonté du gouvernement français de rester engagé dans un conflit initié par les États-Unis, il y a maintenant huit ans. Un conflit où les soldats français n'ont rien à faire sinon risquer leur peau pour permettre aux dirigeants du pays de jouer à la grande puissance.

Selon un sondage du quotidien Le Figaro, 64 % des Français seraient opposés à l'intervention en Afghanistan. Mais ce gouvernement s'en moque et continue d'expliquer que la présence militaire des grandes puissances reste nécessaire. Selon les explications variées servies selon les jours, il s'agirait de restaurer la paix ou la démocratie, de lutter contre le terrorisme des « talibans » (même s'il existe d'autres groupes armés afghans que ceux de ces fanatiques religieux), quand ce n'est pas défendre la France comme si l'Afghanistan était un département français ! Certains partisans de l'intervention, emportés par leur imagination, vont même jusqu'à prétendre avoir amené l'instruction et la santé publique à la population afghane !

La réalité est bien différente. L'intervention armée des États-Unis et de l'Union européenne, dont la France, a surtout abouti à renforcer encore l'emprise des groupes armés sur la population. Comment pourrait-il en être autrement alors que les bombardiers de la coalition impérialiste frappent aveuglement celle-ci ? Encore ce 3 septembre, le bombardement d'une citerne d'essence sur la route de Kunduz (nord du pays) a fait quelque 90 morts. L'OTAN a d'abord tenté de prétendre qu'il s'agissait de combattants talibans, mais il n'a pas fallu longtemps pour apprendre que les bombes avaient frappé au moins 75 civils. De tels actes ne peuvent que renforcer la colère de la population et sa haine à l'égard des troupes occupantes, et encourager les plus déterminés à rejoindre les groupes armés opposés à la coalition.

Non seulement la population civile paie ainsi un lourd tribut à la guerre mais ses conditions de vie se sont dégradées. L'autorité du gouvernement central afghan ne dépasse guerre Kaboul et sa région. Et il ne se comporte pas différemment des seigneurs de la guerre qui régentent les diverses régions à leur profit.

Alors, au lieu de « bâtir la paix », comme le prétend le ministre de la Défense Kouchner, les soldats de la coalition, et avec eux les 2 800 soldats français qui y sont incorporés, font plutôt le lit des talibans. Et quand les puissances impérialistes finiront par décider de mettre fin à cet enlisement, il est probable qu'elles feront comme toujours, elles négocieront leur sortie du pays avec les adversaires qu'elles ont contribué à faire grandir, en l'occurrence les talibans qu'elles combattent aujourd'hui.

Que les troupes françaises, et les autres troupes de l'OTAN, quittent l'Afghanistan au plus vite, ce serait ce qui pourrait arriver de mieux pour la population afghane comme pour les soldats des troupes d'occupation qui n'ont rien à faire dans ce pays, même si les politiciens va-t-en-guerre, avec la peau des autres, prétendent le contraire.