SNR - Agglomération d'Annecy (Haute - Savoie) : Coup de colère et grève contre les 0 %13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNR - Agglomération d'Annecy (Haute - Savoie) : Coup de colère et grève contre les 0 %

Un mouvement de grève, jamais vu depuis vingt ans, a touché la SNR. Entreprise spécialisée dans la production de roulements, essentiellement pour l'automobile, celle-ci emploie plus de 2 600 salariés sur les cinq sites de l'agglomération annécienne : Annecy, Argonay, Seynod, Meythet et Cran. Longtemps filiale à 100 % de Renault, la SNR est détenue depuis un peu plus d'un an à 51 % par le groupe japonais NTN, le reste appartenant toujours à Renault.

L'annonce le 30 avril qu'il n'y aurait aucune augmentation de salaire en 2009, ni collective ni individuelle, a provoqué l'indignation et la colère des travailleurs. C'est sur le site d'Annecy, où se situent les locaux de la direction générale, que le mouvement a commencé mardi 5 mai dans l'équipe d'après-midi du bâtiment B. Plusieurs dizaines de grévistes ont fait le tour des différents ateliers, malgré l'opposition des chefs.

Dans une chaude ambiance, tout le monde est monté vers les bureaux de la direction pour réclamer la réouverture de négociations et des augmentations de salaire. La direction, sidérée de voir ainsi les travailleurs « salir la moquette », refusait toute discussion. Le DRH s'enferma dans son bureau.

La grève s'est étendue le lendemain aux autres équipes, puis aux autres sites, comme cela avait été proposé en assemblée générale. Mercredi 6 mai après-midi, plusieurs dizaines de travailleurs de Meythet se rendirent, en bleus et à pied en cortège serré, jusqu'à Annecy (deux kilomètres plus loin !) où se tenait une première assemblée des travailleurs en grève des différents sites. Celle-ci réunit environ deux cents personnes et renforça la détermination : des anciens, qui se voyaient rajeunir de vingt ans, comme de tous ceux dont c'était la première grève.

Jeudi 7 mai, une nouvelle assemblée générale rassembla plus de 250 travailleurs. Une délégation fut envoyée pour exiger de nouveau que la direction revienne sur sa décision. Ce fut une fin de non-recevoir, celle-ci invoquant les « difficultés dues à la crise ».

Il lui fut répondu que la SNR avait pourtant versé 4 millions l'an passé aux actionnaires, malgré un trou dans la trésorerie de 6,5 millions lié à une fraude à la Direction financière, la direction disant même à l'époque « que cela n'impactait pas la santé de l'entreprise » !

Les grévistes se séparèrent, non sans avoir décidé de tenir une nouvelle assemblée générale le lundi, pour décider de la suite à donner au mouvement. Ce jour-là, le 11 mai, l'assemblée réunit moins de monde que la précédente, tout en rassemblant encore des grévistes des cinq sites. Le mouvement était à un tournant : les grévistes devaient décider, soit de s'engager dans un combat pour faire sauter le verrou sur les salaires, et donc de se donner les moyens d'amplifier le mouvement, soit de faire le constat que celui-ci était allé au bout de ses possibilités.

Avant de trancher, il fut décidé de tenter de nouveau de faire débrayer le site de Seynod, le principal site de production. Les 80 grévistes encore présents qui s'y sont rendus s'adressèrent à l'équipe d'après-midi. Mais, même si le mouvement était vu avec sympathie par beaucoup (cette équipe avait débrayé deux jours de suite la semaine passée), la plus grande partie ne se sentaient pas d'engager une véritable grève.

Les grévistes ont donc décidé en conséquence de suspendre le mouvement. Mais tous ceux qui y ont participé sous forme de débrayage ou de grève totale, soit 450 à 500 travailleurs, sont heureux d'avoir montré leur colère et leur force et d'avoir renoué des liens de solidarité qui seront indispensables dans les combats futurs.

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