Le responsable du pôle web de TF1 avait envoyé un mail à la députée UMP de sa circonscription, dans lequel il se déclarait opposé au projet de loi Hadopi sur le téléchargement de films et de disques sur internet. Par on ne sait quelles voies mystérieuses, le texte de cet e-mail est arrivé chez le chef de cabinet de la ministre de la Culture, Christine Albanel, et a fini par atterrir à la direction de TF1. Celle-ci a alors licencié son employé, sous prétexte qu'une telle prise de position constitue « un acte d'opposition à la stratégie du groupe ». Chez Bouygues, propriétaire de TF1 et par ailleurs grand ami de Sarkozy, cette critique du gouvernement, même privée, est donc un motif de licenciement car contraire à la « stratégie » de TF1 !

Les courriers envoyés par mail sont pourtant un courrier privé, assimilable à une lettre cachetée, qui ne devrait pouvoir être consulté que dans le cadre d'un délit et après mandat d'un juge d'instruction. Mais ni Bouygues ni le ministère de la Culture ne s'embarrassent de ces subtilités que sont les droits démocratiques, dont celui qui garantit en principe le respect de la vie privée...

Dans un premier temps, Christine Albanel a démenti qu'il y ait des vases communicants entre ses services et une entreprise privée, affirmant qu'il s'agissait de « décisions internes à la société TF1 » et, qu'à sa connaissance, rien n'avait été transmis. Elle a ensuite retourné le fer contre son directeur de cabinet qui, à l'en croire, aurait agi à l'insu de son plein gré ! Et pour accréditer que le seul fautif serait son subordonné qui aurait pris une telle initiative sans l'en avertir, elle l'a sanctionné d'un mois de mise à pied. Jérôme Bourreau-Guggenheim, le cadre de TF1 qui a osé donner en privé une opinion déplaisant au gouvernement et à sa hiérarchie est, lui, toujours licencié.