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Editorial
Européennes : Faire un geste politique clair pour dénoncer la dictature des financiers
Alors que se multiplient les attaques du patronat et du gouvernement contre les salariés, alors qu'il ne se passe pas une semaine sans l'annonce d'une nouvelle vague de licenciements, alors que se multiplient, notamment parmi les sous-traitants de l'automobile, les cas où les patrons font appel aux CRS ou aux gendarmes pour évacuer des usines où les travailleurs essaient de se défendre, le début de la campagne des élections européennes du 7 juin apparaît déconnecté des préoccupations des classes populaires. Et il l'est dans une large mesure.
Comment prétendre discuter de la « construction européenne », alors que le patronat est en train de démolir les conditions d'existence de milliers de familles ouvrières ? Devant les licenciements massifs et les fermetures d'usines, les salariés ont toutes les raisons de se sentir, tous, menacés. D'autant plus que nombre d'entreprises qui ne réduisent pas, ou pas encore, leurs effectifs imposent, par le biais du chômage partiel, une réduction plus ou moins brutale des salaires.
Les patrons ne se contentent pas de prélever sur les travailleurs de quoi compenser la diminution de leurs ventes sur les marchés. Ils anticipent l'aggravation de la crise et en tirent prétexte pour supprimer encore plus d'emplois et pour surexploiter ceux qui restent.
L'ensemble du patronat, appuyé par le gouvernement, vise à préserver les bénéfices de la grande bourgeoisie en écrasant les conditions d'existence des salariés.
Les deux principaux partis qui sont en rivalité pour les prochaines élections européennes, le parti de Sarkozy, l'UMP, et le Parti Socialiste, dans l'opposition, prétendent avec des mots différents que l'Europe nous préserve de la crise. C'est un mensonge grossier.
Le chômage s'accroît partout en Europe. Sur les quelque deux cents millions de salariés dans l'Union européenne, vingt millions sont déjà au chômage. C'est la moitié de toute la population active d'un pays comme la France. Un salarié sur dix, même d'après les chiffres officiels, ce qui signifie nettement plus en réalité !
C'est dire que, partout en Europe, la classe ouvrière est étranglée. C'est dire que, partout, la bourgeoisie lui mène une guerre féroce.
En accuser l'Europe ou Bruxelles est cependant un autre mensonge. Toutes les décisions importantes prises à Bruxelles le sont à l'unanimité des gouvernements, c'est-à-dire notamment avec l'accord du gouvernement français. En outre, à l'échelle du pays comme à l'échelle européenne, derrière les gouvernements, ceux qui ont le véritable pouvoir de décision ce sont les groupes capitalistes qui dominent l'économie. Aussi les travailleurs n'ont-ils rien à attendre du résultat de ces élections.
Lutte Ouvrière présente néanmoins des listes, car ces élections offrent l'occasion de s'exprimer politiquement. Les listes Lutte Ouvrière se situent sur le terrain de l'opposition radicale à la politique de tous les partis qui agissent en fonction de la gestion capitaliste de la société.
Voter pour les listes Lutte Ouvrière signifiera un geste politique clair pour dénoncer le capitalisme, un ordre social injuste et porteur de catastrophes pour la société. Ce sera une protestation aussi contre le fait que, pour sauver les profits et la fortune des banquiers, des grands actionnaires, les gouvernements sacrifient les classes populaires.
Ce vote signifiera que les travailleurs en ont assez et qu'ils sont conscients que les classes populaires doivent se défendre face au grand patronat et au gouvernement.
Ce vote signifiera également le rejet de toute politique qui essaie de dresser les uns contre les autres les travailleurs, d'un pays à l'autre ou à l'intérieur d'un même pays. Car les travailleurs ont tous les mêmes intérêts fondamentaux face au grand patronat.
Le bulletin de vote ne permet pas plus dans les élections européennes que dans toutes les autres de changer la réalité des choses, mais il permet d'exprimer son opinion.
Alors, ne laissons pas la parole aux seuls représentants des différentes nuances politiques de la bourgeoisie, saisissons l'occasion d'exprimer la colère des classes populaires contre la dictature des financiers.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprises du lundi 11 mai