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Biens mal acquis des dictateurs africains : Des dictateurs bien protégés par la France
Les dictateurs africains ont la cote à Paris ! À chaque fois qu'une plainte est déposée par des associations de lutte contre la corruption comme Transparency international France ou encore l'association Sherpa, celle-ci se heurte à une fin de non-recevoir.
En 2007 déjà, une première plainte avait été déposée contre les biens mal acquis en France d'Omar Bongo, de Denis Sassou N'Guesso et de Téodoro Obiang Mbasogo, accusés d'avoir détourné des fonds publics de leurs pays via leurs multiples comptes en banque pour s'acheter des villas, des appartements ou des voitures de luxe. Elle s'était enlisée et l'affaire avait été classée sans suite. Une nouvelle plainte a été déposée le 2 décembre dernier. Contre toute attente, une juge d'instruction a décidé que la plainte était recevable. Mais c'était compter sans le parquet de Paris, qui représente l'État. Hostile à toute ouverture d'une enquête, celui-ci vient de faire appel. Autant dire que la seconde plainte a toutes les chances de finir comme la première... dans le mur !
Le patrimoine détenu en France par les trois dictateurs est impressionnant. En 2007, il était estimé à 160 millions d'euros. Le président gabonais, Omar Bongo, au pouvoir depuis quarante ans, détient trente-neuf propriétés dont dix-sept en son nom propre, localisées dans le XVIème arrondissement à Paris, soixante-dix comptes bancaires dont onze à son nom et enfin un parc automobile de luxe d'une valeur de 1,5 million d'euros. Le président congolais, lui, a un patrimoine de dix propriétés et cent douze comptes bancaires. Tandis que le président équato-guinéen possède pour 4 millions d'euros de voitures de luxe. Et ce n'est là qu'une partie seulement de leur fortune. Celle de Sassou N'Guesso, par exemple, est estimée à plus d'un milliard d'euros.
Bongo, au Gabon, depuis quarante ans, confond les caisses de l'État avec son patrimoine personnel et emprisonne les opposants, comme par exemple en décembre dernier. Son clan avec l'aide de Total pille les ressources pétrolières du pays sans vergogne. Denis Sassou N'Guesso, lui, a été remis en selle après une guerre civile meurtrière, avec l'appui du même groupe pétrolier, à la fin des années 1990. Mais aucun de ces dictateurs ne pourrait se maintenir au pouvoir sans l'aide financière, économique et militaire de la France.
En échange, ils maintiennent l'ordre qui permet à Total, Bolloré, ou Bouygues de décrocher des marchés juteux, de piller la forêt équatoriale et de remplir les cuves des pétroliers français. Au passage, ces dictateurs africains ont par le passé financé bien des campagnes électorales d'hommes politiques français. Les présidents français de De Gaulle, à Chirac, de Giscard à Mitterrand, entretenaient des relations d'amitié avec eux. Aujourd'hui, Sarkozy ne déroge pas à la règle. Quelques semaines après son investiture, il recevait à l'Elysée, Bongo et Sassou N'Guesso, une façon de dire que le nouveau président n'avait pas l'intention de changer quoi que ce soit à la politique africaine de la France... malgré tout ce qu'il avait pu dire au cours de sa campagne électorale.
Aujourd'hui, le gouvernement français renvoie l'ascenseur à « ses amis » les dictateurs africains qui ne sont pas prêts d'être inquiétés. Et cela, bien sûr, dans le cadre d'une justice tout à fait indépendante.