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Leur société
Hadopi défend d'abord les gros
La loi Hadopi est censée défendre les intérêts des artistes qui ne vivent que de la diffusion de leurs oeuvres. Mais c'est surtout une loi de défense de la propriété privée. Or la propriété privée, intellectuelle ou non, est très inégalement répartie. Dans le domaine de la musique et du cinéma, de leur création et de leur diffusion, elle est concentrée dans les mains de quelques grandes entreprises, gérant les carrières des vedettes les plus connues dont les ventes de CD se chiffrent en centaines de milliers à chaque fois, et vers qui reviennent 90 % du produit de la vente globale de CD ou de vidéos. Ce sont surtout les profits de ces grandes compagnies qu'il s'agit de protéger et c'est ce que fait, tout à fait logiquement, la majorité au pouvoir.
En revanche, cette loi n'aide guère la plus grande partie des musiciens, ceux qui vivent de leurs cachets. Car leurs CD, lorsqu'ils existent, sont tirés à quelques centaines d'exemplaires, peu ou pas distribués et en général vendus exclusivement lors de concerts. C'est d'ailleurs pourquoi un certain nombre de ces artistes se sont prononcés contre cette loi, préférant que leur oeuvre soit connue et diffusée, y compris gratuitement sur Internet, plutôt qu'ignorée.
En fait, la loi Hadopi ne concerne que la toute petite partie des grandes vedettes qui, en plus de leur cachet, obtiennent de toucher un pourcentage sur les recettes des films et sur leur diffusion télé ou vidéo.
Les autres, c'est-à-dire en fait la plus grande partie des musiciens et comédiens, ne vivent que de leurs cachets. Dire que la loi Hadopi protège le monde artistique est donc très largement exagéré. Il en va des chanteurs de rock comme des autres, ceux qui gagnent déjà le plus sont aussi ceux qui auront le plus à gagner aux mesures gouvernementales.