La Poste : Un président déjà privatisé13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Un président déjà privatisé

Les actionnaires du groupe hôtelier Accor devaient ratifier le 13 mai la nomination de quatre nouveaux membres de leur conseil d'administration : le président de La Poste Jean-Paul Bailly, le président du directoire de Canal Plus (filiale de Vivendi), le PDG Europe de McDonald's et une représentante du fonds d'investissement Eurazeo, qui détient 30,1 % du capital du groupe Accor avec le fonds Colony Capital.

Le dirigeant de La Poste se trouve ainsi en bonne compagnie. Le service postal se rapproche d'ailleurs toujours davantage de la gestion d'un groupe privé. Son président se fait fort de proclamer un bénéfice de 943 millions en 2007 et de 529 millions en 2008. Et bien entendu ce n'est jamais suffisant, car il faut prouver aux futurs actionnaires que La Poste est rentable, malgré la crise.

C'est au nom de la crise et de la diminution du volume du courrier que La Poste justifie le non-remplacement de quatre départs à la retraite sur cinq, allant au-delà de la proportion de un sur deux assénée par Sarkozy. L'application d'une telle mesure aggraverait encore les conséquences de la crise, tant pour les postiers que pour les usagers. Mais, une fois La Poste transformée en société anonyme, elle pourrait profiter à des actionnaires privés. Il est vrai qu'un tel changement de statut est reporté, si l'on en croit l'information donnée par le secrétaire d'État à l'Aménagement du territoire Hubert Falco le 5 mai. Mais le lendemain, le secrétaire d'État à l'Industrie Luc Chatel a affirmé sur iTélé que le projet de réforme n'était « ni abandonné ni reporté », ajoutant : « Nous continuons à travailler et, quand nous serons prêts, il arrivera devant le Parlement. »

De toute façon, les travailleurs de La Poste ont de bonnes raisons de ne pas attendre l'annonce officielle du changement de statut de l'établissement public pour discuter collectivement de la riposte nécessaire. Face aux attaques menées par une direction qui vise à aligner la rentabilité du service postal sur celle d'un groupe hôtelier ou d'un fonds d'investissement par exemple, ce sera indispensable.

Partager