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Leur société
Anciens combattants étrangers : Des paroles, mais toujours pas de revalorisation des pensions
En visite dans le Var, à l'occasion de la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, Sarkozy a rendu hommage aux combattants algériens, marocains, tunisiens et d'Afrique noire qui ont participé au débarquement sur les plages de Provence en août 1944.
Ces derniers auraient sans doute préféré que Sarkozy s'engage à vraiment mettre un terme à la situation révoltante qui leur est faite. En 1959, De Gaulle avait fait voter la loi de « cristallisation ». Celle-ci instaurait un traitement différent entre les anciens combattants français et ceux qui allaient devenir étrangers après la vague de décolonisation des années soixante, et le gel des pensions de ces derniers. Et depuis cette date, en dépit de plusieurs jugements condamnant l'État français pour discrimination, celui-ci rechigne toujours à réévaluer la pension des anciens combattants des troupes coloniales et à leur garantir une pleine égalité de droits.
La loi de cristallisation ne concerne d'ailleurs pas que les pensions versées aux anciens combattants et aux invalides de guerre, elle concerne également les pensions civiles de tous les anciens fonctionnaires (pensions de retraite et pensions de reversion).
En 2006, après la sortie du film Indigènes retraçant le destin de soldats maghrébins et africains engagés dans l'armée française et laissés pour compte après la fin de la guerre, Chirac avait dit « vouloir mettre fin à cette injustice ». Mais cela n'avait été suivi d'aucun effet. Du coup, aujourd'hui quand un ancien combattant français perçoit environ 600 euros, un ancien combattant sénégalais ne touche que 159 euros. Selon les pays, les pensions sont de trois à dix fois inférieures.
Plus de 80 000 anciens combattants de vingt-trois nationalités différentes sont concernés par ce problème. Sarkozy prétend leur rendre hommage, mais il ne confirme que le mépris de l'État français pour les soldats de ses ex-colonies qui, après avoir souvent été enrôlés de force, ont été mis en première ligne. En retardant sans cesse le paiement de leur dû, l'État français fait le calcul odieux qu'au fil du temps ils seront de moins en moins à pouvoir en bénéficier.