Emplois publics : L'hémorragie continue13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Emplois publics : L'hémorragie continue

Le ministre du Budget et la ministre de l'Économie se sont relayés pour que ce soit bien clair : le gouvernement a la ferme intention de continuer les coupes claires dans les effectifs des fonctionnaires. L'objectif pour 2010 est d'appliquer strictement l'engagement de Sarkozy de « ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite » afin, selon lui, de « réduire les frais de fonctionnement de la France ».

Chiffrée, cette funeste promesse devrait signifier plus de 34 000 postes supprimés en 2010, puisque 68 000 salariés de l'État sont d'après son hypothèse susceptibles de prendre leur retraite à ce moment, si toutefois le recul de l'âge de la retraite imposé depuis 2003 ne perturbe pas les prévisions. Après les 51 000 postes déjà supprimés en 2008 et 2009, les ministres sont donc appelés à serrer à nouveau les cordons de la bourse en matière d'emploi. L'Éducation nationale est évidemment dans la cible, à charge aux divers échelons de la hiérarchie de répercuter la décision, qui se traduira en fin de course par de nouvelles suppressions de classes, d'options, de demi-groupes, bref des conditions d'étude et de travail dégradées pour les élèves et le personnel.

Cependant, les quelque 25 000 postes supprimés en 2008 et 2009 ont déjà considérablement tendu la situation dans l'Éducation et, même en appliquant toutes les prétendues réformes ostensiblement destinées à économiser des emplois, la poursuite de la politique gouvernementale risque de se heurter encore davantage à des réactions de lycéens, de parents et d'enseignants. À trop tirer sur la corde, il n'est pas dit non plus que la machine ne se grippe pas d'elle-même.

En ce qui concerne la Justice ou les hôpitaux, Lagarde et Woerth n'osent guère, apparemment, s'engager à promettre de nouvelles vagues de suppressions d'emplois, tant les dysfonctionnements sont déjà fréquents et tant une telle annonce pourrait soulever de colère chez les salariés concernés comme dans le reste de la population.

Il reste que les économies envisagées, d'un point de vue purement comptable, sont bien modestes : en 2009, seuls 388 millions d'euros seraient ainsi grignotés, aux dires du ministère du Budget, sur un déficit budgétaire de près de 44 milliards annoncé en mars dernier. En 2010, c'est 478 millions qui pourraient être économisés. Chiffre ridicule, comparé aux 7,8 milliards donnés à la filière automobile, aux dizaines de milliards pour « sauver » les banquiers ou aux milliards de cadeaux fiscaux destinés à « soutenir » les entreprises.

Au-delà des économies citées, c'est à une démonstration politique que se livrent les ministres sarkozystes, à la suite de leur patron. Le service public n'a évidemment pas à être « rentable », mais ces valets du grand patronat et des financiers tiennent à donner l'exemple de la réduction de la masse salariale et du « travailler plus », même si la majorité de la population ne peut qu'en pâtir.

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