Universités : Bal des hypocrites contre la mobilisation13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Universités : Bal des hypocrites contre la mobilisation

Trois mois et demi après ses débuts, la contestation continue dans un bon quart des universités. Plutôt que de satisfaire des revendications parfaitement connues (voir ci-dessous), le gouvernement joue la carte du pourrissement.

À entendre Darcos, Pécresse, Fillon ou l'UMP, les universités seraient paralysées par une minorité d'enseignants arc-boutés sur leurs privilèges, soutenus par « quelques dizaines » d'étudiants « bloqueurs », tous noyautés par l'extrême gauche ! Ce serait beaucoup prêter à celle-ci : en particulier chez les enseignants, ce mouvement a été, notamment à ses débuts, très largement majoritaire, y compris avec l'appui de tous les syndicats, y compris un classé à droite, des « sociétés savantes », en général peu promptes à la contestation (la Société mathématique de France, etc.), des présidents d'université, etc. Et même ceux qui ont repris les cours ces dernières semaines, souvent dans l'amertume, considèrent que leur mouvement était parfaitement légitime et que le gouvernement les a traités avec mépris.

Ces derniers jours, Fillon, Darcos, Pécresse et quelques autres y sont allés de leur couplet hypocrite sur les étudiants « de milieu modeste », dont les études seraient sacrifiées par les grévistes. L'État français est, parmi les pays riches, un de ceux qui consacrent le moins d'argent à ses étudiants, en particulier à ceux qui vont à l'université. Cela implique des cours avec de nombreux élèves, qui se traduisent par de forts taux d'échec au cours des trois premières années d'études. Ces taux d'échec sont aggravés par l'obligation faite à de nombreux étudiants de travailler, en raison du faible nombre et du montant peu élevé des bourses. Enfin le comble de l'hypocrisie est atteint quand on sait que le gouvernement envisage d'augmenter drastiquement les droits d'inscription, ce qui pénalisera en particulier les étudiants issus de milieu modeste.

L'approche de la fin de l'année universitaire et la question des examens compliquent bien sûr la tâche des grévistes - le gouvernement mise d'ailleurs là-dessus. Mais le fait même que la mobilisation se poursuive malgré ces échéances témoigne encore du très large rejet dont sa politique fait l'objet.

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