Centres de rétention administrative : Les méthodes de Besson13/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2128.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Centres de rétention administrative : Les méthodes de Besson

Depuis la création des centres de rétention administrative (CRA) pour y enfermer les sans-papiers en instance d'expulsion, la Cimade, une association oecuménique d'entraide pour les réfugiés, était la seule organisation non gouvernementale autorisée à intervenir dans ces centres, où ses militants apportent leur aide aux demandeurs d'asile.

Mais Besson, le ministre de l'Immigration, vient d'évincer les militants de la Cimade de la moitié des 25 CRA du pays. En effet, au fil des années, la Cimade s'est opposée à la politique xénophobe de Sarkozy, en dénonçant les maltraitances dont sont victimes les détenus et les expulsions sans jugement. Des préfets, comme par exemple celui de Seine-Maritime où se trouve le CRA d'Oissel, demande l'éviction des militants de la Cimade, car d'après lui ils entravent par leurs critiques le bon déroulement des procédures d'expulsion.

Le gouvernement a donc décidé de limiter les interventions de cette association, qui avait une vue d'ensemble sur tous les centres de rétention du pays, pour les répartir entre six associations qui ont répondu à ses appels d'offres publics. La Cimade a contesté par référé devant le tribunal administratif le choix par le gouvernement de deux de ces associations : le collectif Respect, fondé par un militant UMP, ex-chargé de mission auprès d'Hortefeux, collectif inconnu de toutes les associations d'aide aux réfugiés, n'ayant aucun local, aucune publication, aucune activité publique... La Cimade demandait également des explications sur une subvention exceptionnelle de 450 000 euros que les services de Besson viennent de verser à une autre association (Assfam), également sélectionnée pour la remplacer. Le juge du tribunal administratif devait rendre sa décision sur la signature de ces marchés le mercredi 13 mai.

Mais voilà que, sans attendre ce feu vert, on a appris que Besson avait signé les contrats le dimanche 10 mai... Et d'envoyer à 22 heures le communiqué de presse suivant : « Soucieux de la protection juridique des étrangers en rétention et contraint par les manoeuvres dilatoires de retardement des procédures juridiques, Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, a signé ce soir, en toute légalité, les marchés de prestations juridiques dans les centres de rétention administrative. » On comprend l'indignation de Laurent Giovannoni, secrétaire de la Cimade, qui a dénoncé « des méthodes de voyou ».

Besson menace de porter plainte contre ces propos, diffamatoires prétend-t-il. Il ne manque pas de culot, lui qui a ouvertement menti en prétendant qu'aucun bénévole n'était arrêté pour aide à des réfugiés. Lui qui a même violemment diffamé le Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés) parce que cette association avait publié une liste de plusieurs dizaines de bénévoles poursuivis pour délit de solidarité, qualifiant « la crédibilité du Gisti en la matière de nulle »... Alors que le 11 mai encore, une jeune femme de 22 ans était poursuivie et menacée de cinq ans de prison et de 30 000 euros d'amende par le tribunal de grande instance de Dijon pour « aide à l'entrée et au séjour irrégulier » de son fiancé marocain sans papiers, expulsé huit jours avant leur mariage.

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