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Leur société
Julien Coupat et les « Neuf de Tarnac » : Acharnement et arbitraire
Julien Coupat vient de voir sa quatrième demande de remise en liberté rejetée par la Chambre de l'instruction de Paris.
Accusé, avec un groupe de jeunes de Tarnac en Corrèze, d'avoir saboté des caténaires de lignes TGV, il est incarcéré depuis novembre 2008. Il a toujours nié les faits ; un groupe anonyme de militants anti-nucléaires allemands a revendiqué ces actions. Mais la police et la justice s'obstinent à le présenter comme le chef « d'une association de malfaiteurs », coupable « de destruction en réunion (...) en relation avec une entreprise terroriste. »
Dans ce contexte, l'arrestation musclée d'une photographe, membre d'un comité de soutien aux « Neuf de Tarnac » qui a eu lieu le 28 avril, confirme cet acharnement.
Tessa Polak a en effet été arrêtée dans le style des mauvais feuilletons télévisés : voiture qui pile, hommes armés qui lui braquent un pistolet sur la tempe, au point qu'elle a cru d'abord à une agression pour lui voler sa voiture. Menottée, elle a dû suivre les policiers chez elle pour une perquisition, puis subir huit à dix interrogatoires. À part le reproche d'avoir prêté sa voiture, il y a six mois, à trois des personnes mises en examen, les policiers de la sous-direction de l'antiterrorisme (SDAT) ont retenu, comme une prise de choix, 400 exemplaires du livre L'insurrection qui vient trouvés dans son coffre.
Ce n'est qu'un épisode de plus du délire sécuritaire et de l'acharnement policier et judiciaire qui caractérisent cette affaire où l'intimidation tient lieu d'instruction.
Au fil des temps, le dossier semble de plus en plus fabriqué et alimenté de « coups » médiatiques et, faute de preuves concrètes, de récupération de n'importe quel élément qui puisse les remplacer aux yeux de l'instruction.
Les jeunes de Tarnac sont sous surveillance. Les comités de soutien aussi. L'éditeur de L'insurrection qui vient, Éric Hazan, a été convoqué pour s'expliquer sur un ouvrage, signé d'un « Comité invisible », paru en 2007, et vendu à plusieurs milliers d'exemplaires bien avant l'affaire de Tarnac. Ce livre prône l'insurrection et le renversement de la société par différents moyens, dont le sabotage avec une allusion au fait de « rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique ». Une fine analyse policière a donc conduit les autorités, convaincues de la culpabilité de Julien Coupat, à lui attribuer la paternité de cet ouvrage. Ce qui, de toute façon, ne serait pas un crime, le délit d'opinion n'existant pas encore ! Mais l'accusation fait flèche de tout bois.
En réalité, la ministre de l'Intérieur avait dès le départ claironné qu'on avait trouvé des coupables « terroristes » ; il faut qu'ils existent ! Ce quatrième refus de mise en liberté de Julien Coupat vient le confirmer.