Une question à l'ordre du jour : La nationalisation du système bancaire18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une question à l'ordre du jour : La nationalisation du système bancaire

Les commentateurs emploient de plus en plus souvent le terme de « nationalisation » pour parler des interventions des États dans le secteur bancaire, en France et plus encore en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Si l'on entend par ce terme les opérations de sauvetage décidées par les États pour se porter au secours des banques en perdition, il est vrai que la présence de ces États - mieux vaudrait dire des capitaux d'État - s'est accrue dans le capital des principales banques de ces pays et d'autres.

En France, pour ne prendre qu'un exemple, l'État est intervenu pour 20 % dans le groupe financier nouvellement créé par la fusion Caisses d'Epargne-Banques populaires.

En Grande-Bretagne, l'État va détenir 75 % des capitaux de la Royal Bank of Scotland. L'État américain, quant à lui, est présent pour 36 % dans le capital de Citigroup. Du coup, des experts, des journalistes économiques et même quelques politiciens envisagent que cette logique aille jusqu'à la mainmise totale des États sur les banques. D'autres s'insurgent, déclarant qu'il n'est pas question que les banques puissent passer en totalité sous l'emprise des États, y voyant le spectre d'une socialisation de l'économie, qu'ils dénoncent comme un premier pas vers la mise en place du socialisme, voire même, horreur !, vers une ébauche du communisme.

Les gouvernements des pays concernés se veulent rassurants. Il n'est nullement question, expliquent-ils, de se substituer à l'initiative privée, ni même d'imposer quoi que ce soit à ces banques. L'argent qui est mis à leur disposition leur est fourni sans la moindre contre-partie, sans revendiquer un quelconque pouvoir, pas même un simple droit de contrôle sur les choix et les décisions de ces banques, pas même un droit de regard sur l'utilisation des fonds d'État. D'ailleurs qui peut croire que le Français Sarkozy, l'Anglais Brown, les Américains Bush ou Obama se seraient transformés en bolcheviks sous les effets de la crise ?

Ni ces États ni d'autres n'ont l'intention de prendre le contrôle des banques, et encore moins de les mettre, ne serait qu'en partie, au service de la collectivité, ni même d'intervenir pour modérer leur frénésie spéculative.

Mais le fait que ce débat se développe aujourd'hui, que les interventions des États se multiplient et s'amplifient, témoigne au fond de la nécessité d'instaurer le contrôle du système bancaire si l'on veut mettre fin aux désordres que génère l'économie capitaliste. Une banque unique permettrait de mettre fin à la concurrence féroce, aveugle, que les banques se font entre elles, aboutissant aux dégâts économiques et sociaux dont on voit les effets. Cette unification ne suffirait pas encore à en faire un instrument au service des intérêts de la collectivité. Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que cette banque unique soit sous le contrôle de la population, au travers des organisations de salariés et d'usagers, à commencer par les salariés de ces banques qui sont les mieux placés pour exercer ce contrôle.

Les interventions actuelles des États n'ont rien à voir avec cela. Mais leur intervention est au fond la reconnaissance, à leur corps défendant, du fait que cet objectif, qui figure au programme des communistes révolutionnaires, n'a rien d'utopique et répond à une logique économique que les États capitalistes eux-mêmes sont bien contraints de reconnaître, même si c'est de façon partielle, incohérente et contradictoire.

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