États-Unis - AIG : Le scandale continue18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - AIG : Le scandale continue

La multinationale de l'assurance AIG, qui a reçu quelque 170 milliards de dollars de l'État américain pour la sauver de la banqueroute, vient de révéler qu'elle a consacré 450 millions de dollars à verser des bonus à sa division financière, celle-là même qui s'était lancée dans les opérations hautement spéculatives qui ont depuis abouti à une véritable débâcle financière, puisque AIG a perdu 100 milliards de dollars en 2008.

La direction d'AIG a expliqué qu'elle avait mis en place ce fonds de 450 millions au début de la crise financière pour retenir le personnel (afin qu'il n'aille pas spéculer pour le compte des concurrents, sans doute) ! C'est le week-end des 14 et 15 mars que les 165 millions de dollars de bonus restants ont été versés, déclenchant une nouvelle vague d'indignation aux États-Unis.

Depuis le dernier plan de sauvetage, l'État américain possède 80 % d'AIG, mais le gouvernement se dit impuissant à empêcher le versement de ces super-bonus aux responsables de cette spéculation effrénée et désastreuse. La direction d'AIG a simplement déclaré que les cinquante principaux dirigeants de la compagnie n'avaient reçu « que » la moitié des 9,6 millions de dollars qu'ils étaient censés percevoir au 15 mars. Mais elle a ajouté que la seconde moitié de leur bonus leur serait payée en juillet et en septembre !

Quand au président de la Fed, Ben Bernanke, il a déclaré dimanche 15 mars à la télévision : « De tous les événements et de tout ce que nous avons fait ces derniers 18 mois, ce qui me met le plus en colère, ce qui m'angoisse le plus, c'est l'intervention en faveur d'AIG. » D'ailleurs il a ajouté : « Voilà une compagnie qui a fait toutes sortes de paris inconsidérés. Puis, lorsque ces paris se sont révélés désastreux, ils se sont... nous nous sommes retrouvés dans une situation où la faillite de cette compagnie aurait mis à bas tout le système financier mondial. »

Voilà comment Bernanke justifie d'avoir sauvé AIG à quatre reprises déjà depuis septembre 2008, malgré sa « colère » et ses « angoisses » !

Car, pour choquants que soient ces millions de dollars de bonus distribués à ceux qui ont fait plonger l'entreprise, plus scandaleux encore sont les dizaines de milliards de dollars donnés à l'entreprise elle-même pour la rembourser de ses paris fous et pour qu'elle rembourse elle-même ses clients, banques et compagnies financières tout autant engagées elles-mêmes dans les opérations spéculatives. C'est ainsi que la Deutsche Bank, la Société Générale, la Barclays ou l'Union des Banques Suisses ont encaissé plusieurs milliards de dollars chacune. Ces milliards sont ainsi déversés dans des puits sans fond et, au fur et à mesure qu'on prend connaissance des sommes distribuées, on prend la mesure de nouvelles pertes qui s'ajoutent à celles déjà annoncées.

La facture de cette distribution scandaleuse d'argent public pour sauver des intérêts privés sera présentée à la population laborieuse par les gouvernants qui diront, avec des larmes de crocodile, qu'on ne peut pas faire autrement.

Eh bien si, il faudra qu'ils fassent autrement, le jour où les travailleurs refuseront de continuer de payer pour ces vampires et mettront la main sur les milliards tirés de l'exploitation pour protéger leurs emplois, leurs salaires, leur vie et celle de leur famille !

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