Le gouvernement prétend moraliser le crédit à la consommation : Les usuriers ont encore de beaux jours devant eux18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement prétend moraliser le crédit à la consommation : Les usuriers ont encore de beaux jours devant eux

La ministre de l'Économie Christine Lagarde veut déposer avant l'été un projet de loi visant à encadrer les crédits à la consommation car, dit-elle, le gouvernement se préoccupe du sort du million de ménages surendettés.

À l'origine de 86 % des cas de surendettement il y a un et souvent plusieurs crédits renouvelables, dits crédits « revolving ». Les taux de ces crédits sont compris entre 16 et 20, parfois 22 %. Comme les mensualités ne couvrent souvent que l'intérêt de la dette, le capital peut rester dû indéfiniment. Bien des familles populaires ont ainsi remboursé plusieurs fois le principal, tout en restant encore et toujours endettées.

Or il est très facile de se retrouver dans cette situation. Il suffit d'accepter ou d'être contraint d'accepter de « payer en trois fois sans frais » dans une grande surface, un concessionnaire automobile, une chaîne de jardinage, de mobilier ou autres, pour se voir proposer pendant des mois d'utiliser une « réserve disponible » et donc de s'endetter. De même bien des cartes de fidélité proposées par les grandes surfaces comprennent une possibilité de crédit revolving. Leurs titulaires sont alors soumis à d'incessantes propositions, toutes plus alléchantes en apparence les unes que les autres. Les groupes commerciaux et leurs alliés banquiers tentent ainsi de fidéliser la clientèle par l'endettement perpétuel.

La ministre de l'Économie parle de « responsabiliser » les prêteurs. Elle veut porter le délai de rétractation de sept à quatorze jours, obliger les commerçants à prévenir les consommateurs qu'un prêt se rembourse, demander aux prêteurs de consulter le fichier des « incidents bancaires » et d'annoncer au consommateur la durée du prêt qu'il contracte. Mais il n'est pas question de baisser les taux d'intérêt, ni même de faire en sorte que dans certaines situations on ne se retrouve pas quasi automatiquement avec un crédit revolving, sans même l'avoir su ou voulu.

Ce n'est pas étonnant. Car si les emprunteurs sont les familles populaires qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois, les prêteurs ne sont pas des petits usuriers de village. Cofinoga est détenu par Cetelem, lui-même filiale de BNP Paribas, Sofinco appartient au Crédit Agricole, Cofidis dépend du Crédit Mutuel. Il s'agit des plus grandes banques du pays, celles-là mêmes que le gouvernement renfloue à coups de milliards.

Alors, quoi que dise Christine Lagarde du surendettement des classes populaires, elle compte bien laisser les banques continuer à en profiter largement.

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