Continental-Clairoix (Oise) : Contre la fermeture, la colère des travailleurs18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental-Clairoix (Oise) : Contre la fermeture, la colère des travailleurs

Mercredi 11 mars, la direction de l'usine de pneumatiques Continental située à Clairoix, dans l'Oise, près de Compiègne annonçait aux travailleurs la fermeture pour mars 2010. Ainsi, quelques mois après avoir imposé le passage aux 40 heures avec une perte de salaire à la clé, et en faisant le chantage à la fermeture, Continental décidait de mettre à la porte 1 120 travailleurs. Avec tous les travailleurs des dizaines d'entreprises sous-traitantes et les deux cents intérimaires déjà licenciés quelques jours auparavant, cela fait plus de 3 000 travailleurs qui vont se retrouver sans rien pour vivre. Mais les travailleurs de Continental ont montré immédiatement qu'ils n'étaient pas prêts à se laisser faire sans rien dire.

Quelques heures après cette annonce, ils commencèrent à se regrouper devant l'usine, criant leur colère, d'autant plus grande que l'usine a fait 27 millions de bénéfices en 2008, et que le groupe a tiré plus de 600 millions d'euros de bénéfices de la production des pneus tourisme, toujours pour l'année 2008. Deux cent travailleurs environ décidèrent, après avoir bloqué quelque temps le carrefour situé juste à côté, de rentrer dans l'usine en manifestation pour y organiser une assemblée générale. Un représentant de la direction qui tentait d'intervenir pour expliquer qu'il fallait « comprendre » les actionnaires se fit rapidement huer. Les travailleurs qui exprimèrent combien il serait juste de faire payer les actionnaires eurent, eux, beaucoup plus de succès et furent très applaudis.

Peu après, la direction, qui devait craindre l'explosion puisqu'elle avait fait venir le matin même des vigiles pour garder les ateliers et ses propres membres, céda le paiement de la journée, et même des journées jusqu'au mardi 17 mars.

Le lendemain matin, jeudi 12 mars, une assemblée générale rassemblant la quasi-totalité de l'usine, soit près de 1 000 travailleurs, décida d'aller rencontrer la direction. Le directeur fut accueilli par une volée d'oeufs et dut partir bien vite. La journée, qui avait ainsi fort bien commencé, se poursuivit par une manifestation dans le centre de Compiègne, très applaudie par la population.

Les jours suivants, les travailleurs continuèrent à se réunir en assemblée générale, y compris durant le week-end, aucune équipe ne travaillant... Les revendications y furent votées : opposition au plan de fermeture, zéro licenciement et maintien des salaires. Un comité de lutte des travailleurs de Continental fut élu, nombre de travailleurs ressentant la nécessité de commencer à s'organiser, et surtout la nécessité que tous, syndiqués ou non syndiqués, participent de manière unie à toutes les décisions. Lundi 16 mars, une manifestation de 700 travailleurs s'organisa à Reims où se tenait un Comité central d'entreprise.

À la veille de la journée de grève et de manifestation du 19 mars, chacun sentait qu'il y aurait beaucoup de manifestants, de Continental et d'ailleurs. Dans la région en effet toute la population est touchée par cette fermeture. Continental est la plus grosse usine de la région de Compiègne, nombre de familles ont un des leurs qui y travaille. De plus, la région est déjà dévastée par le chômage. Les intérimaires ont été licenciés dans la plupart des entreprises. Bien d'autres usines licencient, comme Inergy, une entreprise sous-traitante de l'automobile qui compte jeter dehors 51 travailleurs. CIE Automotive, autre sous-traitant automobile, est en chômage technique presque une semaine par mois, de même Saint-Gobain Sekurit à Noyon. Il est donc évident pour les travailleurs de Continental qu'ils ne retrouveront pas de travail une fois dehors.

Dans toute la ville et les communes alentour, les gens ne parlent que de cette fermeture et de ses conséquences catastrophiques. Mais ils en parlent aussi parce que les travailleurs de Continental ne sont pas rentrés la tête basse à l'annonce de la fermeture, manifestant au contraire leur colère. Et c'est bien la colère qui devra exploser dans les semaines ou les mois à venir, non seulement chez Continental, mais à l'échelle du pays.

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