Caisses d'allocations familiales de Seine-Saint-Denis : Le désastre annoncé est arrivé18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Caisses d'allocations familiales de Seine-Saint-Denis : Le désastre annoncé est arrivé

Dans de nombreuses Caisses d'allocations familiales (CAF) du pays la situation est désastreuse. Le retard est énorme, les allocataires se bousculent et les directions préfèrent fermer les accueils certains jours, voire des semaines entières, pour se concentrer sur le traitement des dossiers et sur le paiement des prestations.

À Marseille, la direction a décidé trois semaines de fermeture et, pour protester contre la dégradation des conditions de travail, une partie du personnel s'est mis en grève depuis le 16 mars.

En Seine-Saint-Denis, les accueils CAF sont fermés pour quinze jours, jusqu'au 31 mars, ce qui s'ajoute à plusieurs journées de fermeture échelonnées les semaines précédentes. Et le personnel se voit imposer des heures supplémentaires obligatoires jusqu'à la mi-avril, comme la loi le permet. Il s'est produit également un débrayage.

Il y a quelques jours, à l'agence de Carrefour Pleyel (Seine-Saint-Denis), la police a dû intervenir à cause d'incidents sur la file des allocataires mécontents. La situation devient souvent explosive.

Les allocataires sont censés être prévenus par la presse des fermetures d'agences et, évidemment, beaucoup ne sont pas au courant et se dérangent quand même... pour rien ! Et lorsque les CAF finissent par rouvrir, bien évidemment il y a des foules encore plus grandes devant les guichets.

On fait savoir aux allocataires qu'ils feraient mieux de téléphoner. Mais le téléphone est saturé et quelquefois coupé et, lorsqu'ils obtiennent quelqu'un au bout de la ligne, cela ne signifie pas qu'ils auront la réponse attendue.

En Seine-Saint-Denis, le centre social de La Courneuve est ouvert. On n'y traite pas les dossiers, mais à ce centre, il existe une borne qui permet aux allocataires de connaître leur situation (du moins celle que la CAF a pu mettre à jour). Et c'est un afflux de centaines d'allocataires à ce centre et à cette borne...

Pour tenter de se justifier, la direction met en avant un « bug » informatique. Mais c'est totalement faux. La crise survient parce que le personnel des CAF travaillait déjà à la limite de ses possibilités.

Là-dessus les pouvoirs publics ont décidé de croiser les fichiers CAF avec ceux des Impôts. L'ennui, c'est que des milliers d'allocataires, même de très bonne foi, n'ont pas rigoureusement rempli de la même façon leur dossier CAF et leurs déclarations de revenus. Et les plus pauvres, qui ne payent pas d'impôts, ne les ont parfois pas remplies du tout. D'où une foule de problèmes et de paperasse supplémentaire à vérifier. Si les responsables tenaient tant à ce croisement de fichiers, ils auraient dû aussi prévoir du personnel en plus. Non seulement ce n'est pas le cas, mais en outre depuis des mois les CAF, comme dans la Fonction publique, suppriment un poste pour deux départs en retraite.

À cela s'est ajoutée l'application en janvier au lieu de juillet d'un nouveau barème de prestations, ce qui n'a pas simplifié les choses.

Mais le pire est encore à venir : à partir du 1er juin va rentrer en service la prestation nouvelle du revenu de solidarité active, le RSA, voulu par Martin Hirsch et le gouvernement. Le RSA va remplacer le RMI et l'allocation de parent isolé, mais concernera aussi 800 000 personnes supplémentaires.

Il faudrait, selon une évaluation syndicale, deux mille salariés en plus pour y faire face. Mais, contre l'avis du conseil d'administration de la Caisse nationale, qui chapeaute les CAF, les pouvoirs publics n'ont accordé que mille embauches... et ne parlent pas de diminuer le nombre des départs à la retraite non remplacés !

La catastrophe va donc vraisemblablement s'amplifier, au détriment des gens pauvres qui n'ont parfois que des prestations pour survivre et pour lesquels tout retard est dramatique.

Il est vrai que, s'ils avaient été banquiers, ils auraient été servis de suite, et pas à la petite cuillère, mais à la louche !

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