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Dans les entreprises
Procès AZF - Toulouse : On ne parle pas de la même usine
Après le coup de théâtre de la première semaine, où le groupe Total et son ex-PDG Thierry Desmarest ont rejoint le banc des prévenus, le procès AZF est maintenant entré dans le vif du sujet.
Durant la semaine du 8 au 13 mars, les cadres de l'usine AZF ont défilé à la barre. Serge Biechlin, le directeur inculpé, n'avait que quatre adjectifs pour qualifier ses collègues : efficaces, motivés, travailleurs, compétents...
À l'entendre, la sécurité était maximum, toujours améliorée, et la préoccupation quotidienne de tous. D'ailleurs, a-t-il poursuivi, il n'y a pas eu d'arrêt de travail en 2000 ! Sauf qu'après un accident du travail la maîtrise incitait fortement les salariés à accepter un poste aménagé, le temps de la convalescence. Et lorsqu'elle avait à faire à des récalcitrants, elle proposait même des congés exceptionnels. Facile alors d'afficher des scores proches de la perfection !
Les conditions de travail des entreprises sous-traitantes étaient, paraît-il, aussi excellentes ! Sauf que des dizaines de sous-traitants de l'usine AZF ont témoigné que leur maîtrise refusait de déclarer les accidents du travail, et qu'elle faisait sortir discrètement les accidentés pour qu'ils se fassent soigner à l'extérieur !
En revanche, quand le président interroge les représentants de la direction sur le stockage des produits dangereux, ils n'ont brusquement plus rien à dire. La plupart d'entre eux ont avoué ne jamais avoir visité le hangar 221 qui a explosé.
Quand le tribunal montre des photos de tas d'ammonitrate à l'air libre, ils ne se souviennent plus... Pire, ils n'hésitent pas à charger le seul cadre qui est mort dans la catastrophe, peut-être parce qu'il se trouve que sa famille a déposé à charge contre la société Grande Paroisse, la filiale de Total qui avait la gestion de l'usine AZF.
Même s'ils assument sans état d'âme apparent de défendre l'indéfendable, ces cadres ne sont quand même encore que des lampistes. Et on verra si l'ancien PDG Thierry Desmarest aura le culot d'adopter la même attitude. Parce que lui, il était aux manettes, et ce sont ses décisions et sa politique d'économies qui ont conduit à la catastrophe.